Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 22 décembre 2011

Un Noël low-cost

Les médias nous promettent un Noël soldé. C’en est fini des prix hauts de fin d’année. La crise est passée et notre univers ressemble désormais à une vaste solderie.

Un sondage paru le 17 novembre dernier affirme que près de 70 % des Français ne sont pas choqués à l’idée de recevoir un jouet d’occasion. La question posée par Priceminister s’adressait-elle aux enfants ? Car je doute fort qu’une Barbie aux genoux usés ou un Meccano incomplet satisfassent les bambins. Rappelons qu’il est désormais de bon ton de faire semblant d’être un adepte de la décroissance. En résumé le cadeau idéal de ce Noël 2011 doit présenter les garanties suivantes : origine française, voire de proximité, bio et équitable. Un calendrier en papier recyclé conçu par une artiste au RSA habitant la rue d’en face, c’est bien. Une voiture en plastique aux pare-chocs en bisphénol A importée de Chine, c’est mal.
Même le prix du champagne fait l’objet d’une traque inédite. Le Vingt heures de France 2 du mercredi 21 décembre montrait qu’un critique gastronomique pouvait être satisfait d’un champagne à moins de vingt euros. Même 60 millions de consommateurs nous prouve que les bouteilles des hypermarchés peuvent nous surprendre. Nous, on vous offre une photo totalement inédite et qui soulèvera bien des questions. Joyeux Noël !

vendredi 16 décembre 2011

MON B€AU SAPIN

Son prix donne le tournis
Les sapins ne sont pas encore côtés en bourse mais leur prix de vente est cœur des discussions familiales de cette fin d’année 2011. Petit tour d’horizon des conifères.

Plus encore que la voiture, le sapin de Noël est devenu un vrai marqueur social. Pour épater la galerie, seul le célèbre Nordmann a droit de citer. Vendu en pot ou sur croisillons, le petit modèle commence à 25 € pour atteindre des cimes pouvant aller jusqu’à 90 €. L’épicéa est beaucoup plus économique même s’il ressemble rapidement à un squelette de poissons tant ses aiguilles ont tendance à tomber rapidement. Rappelons que ces conifères ont quitté leur sol natal depuis plus d’un mois, sciés par des bûcherons lettons sans papiers. Que ceux qui pensent benoîtement que leur Nordmann en pot sera replanté dans une forêt française après les fêtes se calment ! Un sapin ne survit pas à une température ambiante de 25° et aux assauts répétés de jeunes enfants aux bords de l’hystérie.
Les gros malins du site Comment économiser conseillent de passer par votre comité d’entreprise ou par votre mairie en se groupant avec d’autres familles. Comme si à la veille de Noël vous aviez envie de rameuter tout le voisinage pour résoudre cet épineux problème …
Si vous ne pouvez pas choisir entre le snob et grassouillet Nordmann et l’odorant et ascétique épicéa, il reste toujours le sapin en plastique, moins cher que le vrai et réutilisable à l’envi.

Notre sélection : un épicéa d’environ 1m60 à 14€95 accompagné de sa bûchette à 2€50 chez Casino. Ca sent le sapin et puis on invite personne pour le jour de Noël quand le poids des boules aura tordu les branches desséchées.

lundi 12 décembre 2011

La classe invisible


Enfin un portrait type de la classe moyenne
  Notre dernière chronique faisait part de l’invisibilité des classes moyennes dans le cinéma français. Le journal Le Monde confirme que cette invisibilité est bien réelle.

L’article s’intitule « La France d’à côté ne se sent plus représentée ». Sociologues, géographes, politologues et autres chercheurs émérites livrent une vision désenchantée de la France d’aujourd’hui. Si la classe populaire était touchée par le phénomène de paupérisation dans les années 2000, il s’étend aujourd’hui aux classes moyennes. La mondialisation engendre un doute auxquels les cadres n'ont pas échappé.

Les références des livres cités dans cet article suffisent à nous faire prendre conscience des enjeux du moment : Le descenseur social (Philippe Guibert, Plon), Les oubliés de la démocratie (François Miquet-marty, Michalon), Atlas des fractures sociales (Christophe Guilluy, Autrement), … pas de quoi alimenter votre liste pour le père Noël, mais de quoi se sentir un peu moins seuls !

lundi 5 décembre 2011

On ne vous fait pas rire ?

Les comédies françaises mettent en scène une guerre des classes opposant les très riches aux très pauvres. Mais où est passée la classe moyenne ?

Les Intouchables et leurs 10 millions de spectateurs ont ainsi choisi d’opposer un homme extrêmement riche habitant le centre ville à un homme jeune et pauvre venant de banlieue. Le rire s’insinue alors dans le fossé culturel qui sépare ces deux hommes. Ce duo efficace esquive le reste du casting car les autres personnages se fondent dans la tapisserie.

Idem pour Mon pire cauchemar d’Anne Fonaine où une organisatrice d’expositions (Isabelle Huppert) est contrainte de côtoyer un prolétaire (Bruno Poolvorde) particulièrement borné. Tout se joue au niveau des clichés avec des riches snobs et des pauvres crétins, la classe moyenne étant ici à nouveau quasi invisible. Qu’on se rappelle également l’argument de Tout ce qui brille où deux frangines découvraient que le comble du chic pour les bourgeois consistait à mettre du jus de citron dans les pâtes.

Rien ne semble avoir changé depuis l’affrontement entre les familles Le Quesnoy et Groseille de La Vie est un long fleuve tranquille de Etienne Chatilliez. C’est finalement au petit écran que la classe moyenne a trouvé confortablement sa place. Dans Fais pas ci, fais pas ça, la série diffusée sur France 2, les familles sont gentiment farfelues. 

mercredi 23 novembre 2011

La voyance au secours de la classe moyenne

Que nous réserve l’avenir ? Madame Yamina et ses collègues médiums s’intéressent à la destinée de la classe moyenne dans un contexte de crise économique aggravée. Attention, Neptune rentre en poissons en février !

Sur son blog, la voyante Yamina nous dresse un portrait désespéré de la classe moyenne sans pour autant apporter de réponse d’ordre astrologique. Mais si pour elle, il ne s’agissait que d’une accroche commerciale, Jean-Didier donne des conseils d’une précision quasi diabolique : « les petits épargnants devront faire très attention, je leur recommande la plus grande prudence pendant toute l’année. Je vois également des bagarres ardues entre les banques … ». Quant au contexte global, Yanis reste prudent car, selon lui, il reste difficile d’établir le thème de l’Europe en raison de la succession des traités signés à des dates différentes… Lueur d’espoir avec l’arrivée de Jupiter qui devrait corriger les effets de la crise à partir d’avril 2012.

Pas besoin de sacrifier une oie pour lire dans ses entrailles afin d’entrevoir un avenir à la grecque ! Et personne n’a non plus besoin d’une voyante pour connaître la fin du mois : le 13 ton compte sera débité d’un chèque de 400 €  pour l’orthodontiste, le 15 tes impôts seront prélevés, le 17 l’échéance du prêt de la FIAT… Mon medium financier me prédit de jolis agios !

mercredi 26 octobre 2011

Classe moyenne : la vraie définition

Jusqu'à présent, votre blog s'était abstenu de donner une définition de la classe moyenne autour de laquelle s'étrillent les sociologues. Au-delà du sentiment d'appartenance, c'est un sentiment de déception générale qui semble en être le ciment.

Avec votre bac + 5 en poche, vous avez abordé les années 90 si périlleuses en terme d’emploi pour parvenir à vous hisser laborieusement à un niveau de salaire décent. Après avoir joué des coudes pour monter dans le fameux ascenseur social, vous constatez désormais que la panne est générale.
Etre de la classe moyenne, c’est aujourd’hui :
  • Surveiller son compte en banque avec la même nervosité qu’un maître nageur un jour de grande marée.
  • Renoncer à acheter une surface décente pour se retrouver prisonnier d’une habitation à loyer immodéré
  • Différer ou annuler les petits rendez-vous chez les orthodontistes et autres sirupeux spécialistes aux honoraires dignes d’un consultant de la City de Londres
  • Tester avec opiniâtreté l’hospitalité de vos amis et de votre famille pour s’inviter chez eux chaque été avec vos charmants enfants
  • Préférer les Vosges ou le Jura pour les sports d’hiver, avec un peu de chance, il n’y aura pas de neige, donc pas de cours, pas de location de skis, …
  • Créer un cérémonial autour du livreur de pizza pour suppléer à la rareté des sorties au restaurant
  • … à vous d'écrire la suite ...

lundi 24 octobre 2011

En Helvétie, aussi

On croyait la Suisse au-dessus de tout problème d’ordre économique. Mais le petit paradis de la neutralité commence à ressentir les effets de la crise. Il n’y a pas le feu au lac, mais quand même.

Amis suisses, il va falloir être débrouillards
En Suisse, la classe moyenne est estimée à 60 % de la population même si 83% des citoyens suisses estiment en faire partie ! Pour en être, on considère qu’une personne seule doit gagner entre 40.000 et 95.000 € par an, tandis qu’il faut de 84.000 € à 199.000 € pour un couple avec deux enfants. Cette composition atypique en Europe suscite de nombreuses convoitises des partis politiques qui en font leur cœur de cible électoral comme en témoignent les communiqués de presse du PDC (Centre) : « La classe moyenne doit être renforcée en Suisse » ou du PS helvète  « Des moyens pour la classe moyenne ».

Ce qui fait souci en Suisse, comme partout en Europe, c’est que les revenus des classes aisées ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux de la classe moyenne. Les budgets familiaux se retrouvent notamment en tension pour l’habitat. Le coût du logement est tel que certaines familles doivent déménager à l’étranger… en France. Un récent sondage de La Tribune de Genève indiquait même que quatre familles sur dix ont désormais des problèmes financiers tandis qu’un reportage de la Télévision Suisse Romande pointait les difficultés rencontrées par les familles monoparentales. Des classes moyennes pauvres en Suisse ?

jeudi 20 octobre 2011

Partez en Camargue pour trois fois rien

Le phare de la Gacholle

Et si vous alliez en Camargue ? Hors-saison, la destination est plus qu’abordable. Les touristes sont partis. Les moustiques aussi.

Le blog de la classe moyenne a testé pour vous un petit hôtel à 50 € pour une nuit en chambre double avec douche (58 € en haute saison). Au Galoubet (rien qu’à lire son nom on entend le bruit des cigales), l’accueil est chaleureux, Nicole, la patronne, prépare d’excellents espressos et la piscine, une vraie piscine, pas un bac de douche aux reflets verdâtres, est ouverture 24 heures sur 24. Evidemment ce n’est pas un palace, l’établissement a un petit côté pavillonnaire des années 70 et sa salle de petit déjeuner n’échappe à la décoration gitano-espagnole en vigueur dans le coin. Mais son rapport qualité prix ainsi que sa situation à la sortie du bourg, à proximité de la mer et des étangs, en font la bonne adresse des Saintes-Maries-de-la-Mer. Au niveau restaurant, préférez le Jardin des délices situé du côté port plutôt que Le Fournelet dont les moules marinières semblent avoir été plutôt vomies que cuites.
Si vous avez une voiture, la plus belle des randonnées se situe du côté de l’étang de Vaccarès. La digue à la mer, bien qu’un peu difficile à trouver, permet une balade inoubliable dans un territoire qui résiste souvent à la découverte. Entre terre et mer, le phare de la Gacholle sera le clou de cette virée low cost. Et avec les économies réalisées, il vous restera de quoi parrainer unflamant rose à raison de 25 € par an.

lundi 17 octobre 2011

Vivement la retraite qu’on puisse aller au restaurant !

Mirage gastronomique

Je suis allé au restaurant. Et alors ? Avec ma petite quarantaine, j’ai constaté que j’étais le plus jeune de la soirée. Visiblement, le pouvoir d’achat est du côté des papys boomers…

C’était un petit établissement de bord de mer avec ses nappes en tissus, ses menus saturés de spécialités locales compris entre 18 et 34 € (sans les vins). Pas la gargote de plage, mais l’adresse sûre de la ville, celle du bien boire et du bien manger. Autour de moi, les têtes grises ne se contentent pas d’un plat unique ou d’une formule sage comme celle que j’ai commandée. Les papys et les mamies surfent en dehors des menus et s’offrent de jolies marmites de la mer à 34 € l’unité arrosés de vins blancs millésimés suivis de desserts affriolants. Où sont passées les familles de classe moyenne ?

La baisse de la TVA n’a rien changé, les cinquante centimes de ristourne sur les lasagnes n’y peuvent rien : la classe moyenne n’a plus les moyens de se payer un petit festin. Même les pizzerias ont laissé la place à la commande à la maison, moins amusante mais tellement plus économique. Et ne croyez pas que le fait de se priver de dessert est passé inaperçu aux yeux des restaurateurs. Un enquête menée auprès des professionnels montre un recul de 10 % des prises de boisson chaudes et de 5 % sur les desserts.

Le dernier endroit d’exultation de la « restauration hors foyer » comme disent les sociologues est cette célèbre grande surface suédoise qui offre des formules à prix très réduits. C’est quand même triste de devoir ingurgiter des boulettes de rennes pour se croire riche et inviter sa famille à faire bombance. Autre alternative des menus « Anti crise » qui fleurissent un peu partout mais cet intitulé économique aurait certainement fait perdre la salive au chien de Pavlov.

mercredi 12 octobre 2011

Mon oncle d’Amérique est fauché

L'Oncle Sam ne fait plus le malin

Le modèle américain de la famille de classe moyenne est en train de s’effriter. Tous les indicateurs économiques sont à la baisse.

Aux Etats-Unis, il n’y a pas que les banques et les fonds de pension qui font faillite, il y a également les familles, soit 120.000 chaque mois ! Les revenus de la classe moyenne n’ont augmenté que de 1,6 % dans les années 2000 contre environ 30 dans les flamboyantes années soixante.

La mobilité semble désormais descendante, voire catastrophique au regard des images récurrentes de ces familles expulsées dont le budget a été dévoré par des crédits immobiliers mal maîtrisés. Les modes de consommation évoluent, certains grands groupes, tels que Procter et Gamble (les rasoirs Gillette, les couches Pampers ou la lessive Bonux) privilégient désormais la fabrication de biens de consommation de bas de gamme et de haut de gamme, délaissant peu à peu les produits de moyenne gamme.

Barack Obama a bien compris que ce corps électoral était en souffrance en devenant le « guerrier des classes moyennes » : "Si demander à un milliardaire de payer les mêmes taux d'imposition qu'un enseignant fait de moi un guerrier de la classe moyenne, je suis très fier de cette étiquette".
L'Express propose une saisissante plongé dans le quotidien d'une famille américaine moyenne de l'Ohio : le rêve américain s'émousse. Quel sera alors notre modèle ? La Chine ?

samedi 8 octobre 2011

Le Koh-Lanta du recrutement

Notre brochette d'aimables recruteurs
Le 7 octobre, France 2 diffusait un documentaire édifiant sur les nouvelles méthodes de recrutement. La Gueule de l’emploi de Didier Cros est à voir de toute urgence.

Cinq recruteurs zélés ont décidé de faire mariner un groupe de demandeurs d’emploi afin d’organiser une sélection qui va les mettre sous une pression maximale. Tout commence par un petit jeu de rôle où chacun doit vanter les mérites de son voisin. Il s’agit ensuite de simuler une vente de trombones de couleurs que chacun va devoir ensuite commenter. L’idée de ce recrutement anxiogène consiste ainsi à ne pas se baser sur les CV des candidats mais à les placer dans un contexte de concurrence permanente.
A l’issue de la première matinée, deux candidats déclarent forfait tant les méthodes s’avèrent cruelles et irrationnelles. Cette défection est traduite par les recruteurs comme un manque patent d’envie de travailler. Les tests les plus sournois les uns les autres s’enchaînent, tout est fait pour humilier les candidats, jusqu’aux attaques personnelles : « vous avez les pieds qui bougent et les mains moites » se permet de faire remarquer un recruteur. Plus tard, on demande à l’unique candidate comment elle pourra concilier sa vie familiale avec sa vie professionnelle.
Cet excellent documentaire constitue un choc. Plus qu’un recrutement, c’est un casting aléatoire, inutilement violent destiné à embaucher un commercial dont le fixe sera celui équivalent à un SMIC. Les recruteurs ont accepté de laisser filmer leurs méthodes faisandées dans l’espoir d’en faire la promotion. En face, les demandeurs d’emploi acceptent avec plus ou moins de recul les règes de ce jeu pervers qui déshumanise.

Le film est disponible sur pluzz.fr jusqu’au 14 octobre.

vendredi 7 octobre 2011

Etranges nouvelles de Norvège

Qui n’a pas un jour rêvé d’abandonner son mode de vie standardisé pour se réfugier dans forêt ? Doppler, roman norvégien raconte comment un digne représentant de la classe moyenne passe à l’acte.

Andreas Doppler était un cadre heureux. Marié, père de deux enfants, disposant d’un bon travail, habitant une belle maison toujours remise au goût du jour, à peine contrarié par les mondanités d’usage, il est le portrait type de l’homme occidental comblé par la vie. Il aura suffi d’une chute à vélo pour qu’il rompe avec son environnement paisible et trouve refuge dans une forêt en lisière de sa ville.
Ce retour aux sources (au sens propre) lui fait alors comprendre qu’il doit cesser de s’appliquer : c’en est fini de la rénovation permanente de sa salle de bains en commandant des mitigeurs complexes ou du carrelage hors de prix. Son nouvel et unique ami est un jeune élan avec lequel il partage sa tente… On retrouve ici l’étrangeté toute nordique d’un Paasalina où la nature est très présente, très stimulante pour l’esprit. Plaisir du décalage pour ce Doppler, conte fantasque qui moque avec finesse l’addition de compromis qui constitue la vie moderne.

Disponible au format Poche en collection 10/18, Doppler de Erlend Loe coûte moins de 8 €.

mardi 4 octobre 2011

Le cadre qui craque, nouvelle figure du cinéma français

De bon matin, qui sort ce 5 octobre en salles, raconte la déchéance d’un cadre. Retour sur quelques figures de cadres au bord de la rupture.

Le cinéma français, pourtant réticent à s’inviter dans la vie professionnelle, nous a livré depuis le début des années 2000 quelques beaux spécimens de chaos managérial. La décennie s’est ouverte avec le portrait d’un cadre en apprentissage, Jalil Jaspert, jeune stagiaire recruté dans l’usine où son père est ouvrier. Ressources humaines (2000) de Laurent Cantet est une fine analyse d’un choc social et familial. C’est ensuite la double adaptation du livre d’Emmanuel Carrère conçu autour de l’affaire Romand, qui donne L’Emploi du temps de Laurent Cantet et L’adversaire de Nicole Garcia, tous deux nous livrant le portrait d’un cadre mythomane qui finira par anéantir sa famille. Aurélien Recoing et Daniel Auteuil sont tous les deux abominablement parfaits.
En 2003, le titre du film de Jean-Marc Moutout suffit à résumer l’ambiance générale : Violence des échanges en milieu tempéré. L’année 2005 nous offre la belle prestation d’Olivier Gourmet dans Sauf le respect que je vous dois de Fabienne Godet. La même année, José Garcia se mue en serial killer pour éliminer ses concurrents aux entretiens d’embauches dans Le Couperet de Costa Gavras. Glaçant.
C’est désormais au tour de Jean-Pierre Darroussin d’endosser le costume du cadre en crise. Le senior qu’il est devenu est mis sur la touche, victime d’un habile processus de harcèlement qui va le pousser au crime. Darroussin est vraiment convaincant en banquier déchu Les mécanismes d’exclusion y sont parfaitement analysés. Pas franchement hilarant, mais terriblement efficace. Et vraiment stressant quand on sait que l’idée de base est tirée d’un authentique fait divers.

vendredi 30 septembre 2011

Quitter Paris et devenir un notable

Un kit pour l'exil

Le nouveau hors-série de L’Express est consacré à tous ceux qui souhaitent quitter la capitale. Et si le passage par la province faisait de vous un notable ?

Avec ce magazine, les journalistes de l’hebdomadaire livrent les clés pour réussir son installation en région en abordant tout à la fois la question de l’emploi et du nouvel environnement climatique, social, culturel, éducatif, bref tout ce qui va constituer le cadre d’une nouvelle vie loin de la fourmilière francilienne. Principale raison invoquée pour quitter Paris : le prix prohibitif de l’immobilier, même si les prix provinciaux ont grimpé eux aussi de manière peu raisonnable. Avec un peu plus de 200.000 € il est  possible de dénicher une maison de village proche d’une préfecture de Département ou de Région.

Stéphane et Charlotte ont récemment quitté leur deux pièces de Saint-Quentin-en-Yvelines pour une maison avec terrasse d’un petit village de l’Yonne. Leur profession de journalistes leur permet une certaine souplesse d’organisation, dessinant une nouvelle vie qui associe la fébrilité parisienne à la quiétude provinciale. Au village, leurs horaires décalés intriguent et laissent à penser qu’ils ont des professions bien atypiques. Leur inscription au club de tennis local a eu valeur de sésame pour rencontrer les notables locaux. Plus efficace qu’un ascenseur social, ce déménagement familial les a fait passer dans la catégorie sociale supérieure sans pour autant travailler plus.

mardi 27 septembre 2011

Le frisson de la pierre

A saisir... saisissant

Je m’étais promis de ne plus surfer sur les sites dévolus à l’immobilier, de ne plus passer en revue les vitrines des agences… Il aura suffi d’une alerte mail pour que revienne cette pulsion d’accès à la propriété.

Entre deux offres commerciales pour des cartes de visite gratuite ou une baisse de 10% pour un massage capillaire, une alerte mail (l’appellation est un brin grandiloquente) m’avertit qu’un appartement ancien  95 m2 dans un immeuble de caractère est disponible à 195000 € ! Le quartier est attractif et une terrasse achève de me convaincre qu’il ne faut pas tarder à prendre rendez-vous avec une agence.

L’agent immobilier m’invite à cesser toute activité pour admirer ce bien hors norme. Les appels pleuvent, réveillant cet automne immobilier jusqu’à présent bien calme. Une telle offre, il faut s’en souvenir, n’est pourtant qu’un leurre. Première déconvenue : si l’immeuble est situé sur un boulevard attractif, il s‘agit du segment le plus bruyant, à proximité d’une rocade terriblement bruyante à laquelle notre agent oppose un argument imparable : « c’est de l’hyper centre ». Deuxième déconvenue : la terrasse est un balcon. A partir du moment où il est possible de prendre un repas dehors, il convient de se rappeler que le balcon se sublime et devient terrasse. Et puis, évidemment les petits travaux pressentis pourraient atteindre 40.000 €.

De retour au bureau, nouvelle alerte : 85 mètres carrés à 170.000 € avec balcons. Une offre rare. Mais les photos mises en ligne me permettent de localiser cette nouvelle merveille : hyper centre, hyper bruyant, hyper déprimant.

vendredi 23 septembre 2011

Une romancière à Auchan

Dans le nouveau supplément Culture et idées du quotidien Le Monde, Annie Ernaux l’affirme : « les classes sociales n’ont jamais disparu ».

Cette fille d’épicière, comme elle le rappelle elle-même, confirme son intérêt pour l'approche sociologique qui a toujours nourri son oeuvre littéraire. Elle réhabilite vaillamment les mots de « travailleurs » ou de « classes sociales » à partir d’observations in situ.


Son terrain d’enquête se situe notamment dans l’hypermarché d’Auchan de Cergy où elle regarde avec attention les produits qui défilent sur le tapis roulant des caisses enregistreuses à l’aune d’une célèbre assertion de Karl Marx : « Dis-moi qui tu manges, je te dirai qui tu es ».

La romancière déjoue avec une hargne salutaire la sémiologie des communicants en traduisant par exemple « self discount » par « produits pour pauvres ». Elle offre ainsi un point de vue franc et direct sur le réel : « la réalité, ce sont les factures d’électricité qui arrivent le samedi et pourrissent le week-end ». Un entretien  sobre en totale opposition avec un reportage publié dans le magasine de ce 24 septembre 2011 sur ce grand patron français dont la vidéo estivale, avec peluches et fiancée, avait  fait le tour du Web. Loin du Auchan de Cergy, c’est « la vie rêvée d’Arnaud Lagardère ».


Les romans de Annie Ernaux sont disponibles en format de poche, soit à prix discount.

mercredi 21 septembre 2011

Une classe moyenne chinoise futile ?

ça vous rappelle quelque chose ?

Les Européens semblent afficher un soupçon de mépris pour les aspirations des classes moyennes asiatiques souvent caricaturées pour leur supposée futilité.

Un court document édité par l’AFP et repris sur Youtube a en effet choisi un titre assez racoleur pour stigmatiser le comportement des nouveaux consommateurs chinois : La classe moyenne chinoise se damnerait pour un sac de luxe. Comme si les consommateurs occidentaux étaient au-dessus de cette aspiration consumériste ! Non seulement les clientes chinoises n’auraient pas droit aux mêmes caprices que nous, mais en plus, nous faisons comme si nous étions un modèle de société enviable et copiable à l’envi.

Une autre information allant dans ce sens a fait le tour des rédactions cet été : les Chinois ont copié sans vergogne sur IKEA, référence de la classe moyenne européenne. Un petit tour dans le magasin Furniture de Kumning présenté par Le Parisien et nous voici comme à la maison. 

dimanche 18 septembre 2011

Un consommateur schizophrène

Il va falloir être créatif en cuisine...
Le consommateur de 2011 oscille désormais entre hard discount et produits de luxe.

« Des nouilles Leader Price et le dernier MacBook dans le même panier de courses », voilà comment était résumé le comportement des consommateurs issus de la classe moyenne dans un article récent de La Tribune. Et de poursuivre, chiffres à l’appui, en montrant que le recours au hard-discount a progressé de 50 % de 2001 à 2006.

Pour ma part, du hard discount, je ne retiendrai que les basiques – lait, farine, œufs, yaourts – qui se fondent dans la cuisine avec une certaine discrétion. Ils permettent d’imaginer des plats présentables à partir du moment ils sont rehaussés de produits plus chics. Exemples : une salade de tomates achetées à l’épicerie paysanne du coin et assaisonnés avec de l’huile d’olive Dia, une tarte aux fruits rouges surgelés Picard avec une pâte sablée maison confectionnée avec du beurre bio, … Et pour les grandes occasions, notre Hédiard à nous, c’est Monoprix.

Faire les courses consiste alors à imaginer un parcours raisonné entre hard-discount, petit producteur local et supérette de produits congelés. Et pour valoriser le tout, il convient de dédaigner les préparations culinaires toutes faites au profit de productions home made, tellement plus valorisantes.

mercredi 14 septembre 2011

Canapés du monde

Faites-vous le remake.

De nouveaux sites permettent de voyager à coûts réduits en développant des réseaux plus ou moins amicaux basés sur l’échange de logements.

Si vous êtes jeune et peu susceptible, la formule du Couch Surfing, dont la traduction pourrait être « surfer sur un canapé » consiste à s’inscrire en ligne afin de trouver d’autres jeunes gens disposés à vous accueillir. A charge pour vous d’offrir la réciproque en invitant à votre tour. Le site est disponible uniquement en anglais et la touche permettant la traduction en français semble inactive. Autre écueil, la confiance est parfois difficile à gagner comme en témoignait récemment un jeune canadien hébergé à Barcelone forcé de quitter les lieux à l’aube et de rentrer à une heure tardive, ses hôtes refusant de le laisser seul dans l’appartement.

Pour palier cette inquiétude, www.staysatfriends.com permet de restreindre ce type d’échange aux amis des amis. Ce site plutot bien conçu, découpé selon les trois âges de la vie – jeunes, familles et retraités – est gratuit les 150 premiers jours et devient ensuite payant pour la modique somme de 9 € par an. Evidemment, chaque site met en avant le côté relationnel de l’opération, faisant de la gratuité un argument de second ordre… L’ensemble des sites Internet proposant des échanges gratuits ou presque est disponible à l’adresse suivante : http://www.habiter-autrement.org

mardi 13 septembre 2011

Mon petit chez moi

Même si depuis plus de vingt ans, la taille des surfaces habitables semble se développer, quelques indices laissent penser que la tendance commence à s’inverser.

La très sérieuse INSSE est formelle. Le nombre de pièces par habitant ne cesse de croître, passant ainsi de 1,47 pièces en 1990 à 1,72 pièces en 2004. On appréciera au passage le charme statistique de 1,72 pièce qui doit être bien difficile à meubler. Chacun sait pourtant qu’aujourd’hui, il devient très difficile d’acquérir de belles et amples surfaces. Deux possibilités pour les classes moyennes : s’éloigner des centres villes ou choisir du péri urbain souvent si romantique. A titre d’exemple, un couple de parisiens gagnant 7000 € par mois peut s’acheter un appartement de 49m2 dans la capitale. Un joli rêve de petit propriétaire…

Apprenons donc à penser petit comme nous le suggère le directeur français du grand magasin d’ameublement suédois dans l’édition 2011 de son catalogue : « Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre dans de petits espaces. Financièrement plus abordables, ils présentent également l’avantage d’être plus intimes, plus rassurants… ». Ainsi la rubrique « Petits espaces » s’avère pleine de promesses : « Coincer une petite buanderie dans une petite salle de bains sans perdre sa zénitude ». A méditer en famille à la cafétéria devant la fontaine à sodas et son gobelet à un euro pour des bulles à volonté…

vendredi 9 septembre 2011

De l’or pour les braves

De retour de vacances, je constate que l’élégant maroquinier du coin de ma rue a cédé la place à une boutique de rachat d’or…

La grande fonderie du peuple est en marche. L’or, dont le cours est au plus haut, intéresse beaucoup les marchands. Dans ma ville, ce sont huit boutiques qui viennent d’ouvrir, une manière comme une autre d’installer la crise dans notre paysage quotidien.

Il est désormais l’heure de racler les fonds de tiroir. Pour le fondeur tout est bon : débris d’or, vieil or, bijoux cassés, lingots. On peut même recycler les antiques couronnes dentaires des aïeux, même si, par pudeur, le panneau ne le mentionne pas. A moins qu’il ne faille entendre « couronne dentaire » quand il est écrit « bijoux non récupérables »…

Mais il existe désormais un autre lieu, plus neutre, qui permet désormais de se débarrasser de ses lingots : chez le buraliste. Ouest-France raconte ainsi comment les transactions d’or sont menées par un expert au sein du bureau de tabac d’un petit village breton. L’ambiance y est presque aussi conviviale qu'une réunion de Tupperaware.

lundi 5 septembre 2011

Un nouveau Gandhi pour la classe moyenne indienne


Rien ne va plus au pays des castes. La corruption freine le développement personnel alors que le pays s’enrichit.

Alors que les Français râlent contre la nouvelle taxation des sodas, les Indiens voient leur accès aux fruits et légumes se compliquer. C’est Green et vert qui a relayé un rapport de l’association des chambres de commerce et de l’industrie indienne selon lequel plus de 50% de la classe moyenne dite « inférieure » a été contrainte de se priver de fruits et légumes ou d’en réduire sa consommation.

Cette étude n’est pas anecdotique quand on sait qu’en Inde la classe moyenne représente plus de 300 millions de personnes et qu’un disciple de Gandhi porte haut et fort leurs revendications. Selon le quotidien canadien La Presse, Anna Hazare « enflamme la classe moyenne ». C’est donc cette nouvelle caste qui adhère le plus à cette campagne anticorruption, celle qui peut payer des études à ses enfants et bénéficier d’un peu de temps libre. Mais c’est la même classe moyenne qui, selon un témoignage paru dans Rue 89, « possède des voitures, mais le pétrole est hors de prix, elle a acheté des maisons, mais elles sont hypothéquées et payer un pot-de-vin est devenu monnaie courante ».

Elle s’en remet donc à ce gourou de 74 ans qui avait entamé une grève de la faim le 16 août à laquelle il a mis fin le 28 août, pensant avoir été entendu par les parlementaires de son pays. Mais un article du Post rappelle que ce pacifiste avait fait frapper des alcooliques de son village natal en les attachant à un arbre.

A écouter, un reportage de Radio Canada sur la classe moyenne indienne.

vendredi 2 septembre 2011

Le grand roman de la classe moyenne américaine

Après Les Corrections, Jonathan Franzen publie Freedom, saga d’une famille américaine moyenne des années 70 à nos jours. Il nous en offre en bonus une citation assassine.

C’est déjà un succès aux Etas-Unis avec pas moins d’un million de livres vendus et la Une du Times en tant que grand écrivain américain pour Jonathan Franzen. Sorti en France au mois d’août, Freedom est l’un des événements de la rentrée littéraire en France. Selon L’Express, cette saga de 700 pages passe facilement le cap de la page 99 ! Comme dans un sitcom de luxe, on suit la vie de Patty, ex-basketteuse, tiraillée entre son mari et le meilleur ami de son mari avec en toile de fonds les grands bouleversements du pays, comme par exemple la guerre en Irak.

La sortie de ce livre permet à Franzen de livrer la plus belle citation littéraire de l’année sur la classe moyennes : «  le visage de la classe moyenne aux Etats-Unis est un summum de vacuité béate ». Cette citation est à retrouver dans un long entretien paru sur le site du Nouvel Observateur.

Un extrait de Freedom lu par Fabienne Bussaglia est disponible sur le site de Télérama.

mercredi 31 août 2011

Une rentrée eco-labellisée

Même la reine s'y est mise
L’arrivée de fournitures scolaires bio permet de dépenser encore plus. Le politiquement correct investit désormais les cartables.

Comme le notait Libération ou  bien encore une récente émission de RFI, quel que soit le mode de calcul retenu, le coût de la rentrée des classes est encore en hausse. Et pour que la note soit encore plus salée, il est désormais possible d’équiper nos enfants en crayons et surligneurs en bois certifiés FSC ou autres gommes qui, en cas d'inhalation n'entraîne pas de problèmes graves. 

Remballés les cahiers customisés au couleurs de Cars 2 ou des Wings, bienvenue au bureau ergonomique en bois de hêtre massif issu de forêts gérées de manière durable. Bannissons les effaceurs d'encre contenant de la soude et du thiosulfate de sodium (produit inconnu mais l'appellation est suffisamment terrifiante).
Afin de s'équiper de manière responsable, Un bureau sur la terre (sic) propose une gamme complète destinée à l'écolier bio : agrafeuse sans agrafes, marquer à base d'eau, compas en bois. La boutique propose en outre de parrainer une ruche ou d'acheter un jeu des sept familles sur le thème "Je recycle". Les enfants vont adorer ! Même la célèbre Cléopâtre, la pâte blanche à base d'amidon de pomme de terre que nous dégustions à pleine spatule en raison de sa bonne odeur d'amande, est désormais labellisée NF environnement.

lundi 29 août 2011

La revue de presse de l’été 2011

Entre le fort mécontentement de la classe moyenne israélienne et notre rapport aux riches, l’été 2011 a été riche en débats et prises de positions.

Au niveau social, le fait marquant de cet été 2011 est sans conteste la révolte de la classe moyenne israélienne, aussi soudaine qu’intense. Toute la presse a relayé les témoignages de ces professeurs ou de ces médecins qui ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois. A lire notamment les articles parus dans L’express, Le Monde et Libération.

Quelques journalistes un peu paresseux ont repris le récit de la saga de la famille Middleton, notamment Le Nouvel Observateur du 4 août. La fascination pour cette famille de la classe moyenne anglaise récemment anoblie ne se dément donc pas. Le parcours, jugé sans faute, de la petite entreprise familiale au mariage royal, a pourtant la saveur fade d’un conte de fées peuplé d’ambitieux. Pour mettre en perspective cette romance britannique, Psychologie Magazine nous interroge sur la fascination exercée par les riches en prenant appui sur la dynastie Bettencourt.

Cette fin d’été a confirmé l’attrait des « nantis » qui nous ont promis, via la presse, de contribuer à relever l’économie du pays. C’est beau comme une promesse de campagne électorale. Pour une approche plus originale des courants sociaux d’aujourd’hui, il fallait se référer au Monde Diplomatique qui a mené une belle enquête sur les verts allemands : « Dans le laboratoire de l’écolo-bourgeoisie ».

La conclusion revient au sociologue Jean Viard qui rend caduque l’existence même de ce site en déclarant dans Le Nouvel Observateur : « Il faut repenser la société en termes de niches et de segments et non plus en termes de classes sociales ». Et voilà qu’une citation aura suffi à nous ringardiser !

vendredi 26 août 2011

Ecrivain cherche appartement

Dans le magazine du Monde paru cet été, Vincent Ravalec raconte son parcours de primo-accédant. Ou comment un auteur de polar tourne en dérision le petit monde de l’immobilier.

C’est en découvrant que le montant de sa retraite, soit 6,50 € par mois, que Vincent Ravalec, auteur notamment de Cantique de la racaille, décide de devenir propriétaire. Renonçant à trouver un bien à Paris, le romancier s’intéresse à une GVF, à savoir une Grande Ville Française. Après avoir été déçu par la loi Scellier désormais moribonde, Ravalec – qui prend ici le nom de Pèpère – rêve à une maison qu’il pourrait louer à d’aimables étudiantes.

Brocardant les témoignages exaltés de nouveaux propriétaires trentenaires repérés dans la presse, le romancier a l’art et la manière de dépeindre cette quête parfois obsédante de la bonne affaire. Mais quelle est donc cette GVF ?

C’est le journal Sud-Ouest qui a trouvé la réponse. Il s’agit de Bordeaux dont Ravalec ne connaissait que la gare Saint Jean où il prenait une voiture pour se rendre dans sa maison des Landes. Soulagement dans les chaumières : Vincent Ravalec ne finira pas SDF. Le dernier épisode paraît aujourd’hui, sachant que cette série immobilière en quatre épisodes fera prochainement l’édition d’un ouvrage.

mercredi 24 août 2011

Que les salaires moyens lèvent le doigt !

Nous étions en 1982...
Petit clin d’œil à un film culte en référence à un appel facétieux invitant la classe moyenne à suivre l’appel des nantis pour sauver la France.

Les plus riches ne se cachent plus. Ils font désormais la une de la presse en implorant d’une seule voix : « taxez-nous » ! Copiant ses homologues américains, Maurice Lévy a été le premier à avoir lancé un appel solennel dans les colonnes du Monde pour une « contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis. »

Et voici que 16 grandes fortunes lancent un nouvel appel dans Le Nouvel Observateur parmi lesquels on retrouve notamment Liliane Bettencourt (L’Oréal), Frédéric Oudéa (Société Générale) ou Christophe de Margerie (Total). Ils offriraient ainsi à la Nation une taxation temporaire et « raisonnable » de 1 à 2 % de leurs revenus. Cette générosité médiatiquement et politiquement bien orchestrée vient de rencontrer l’assentiment d’un bloggeur qui propose que la classe moyenne emboîte le pas à cet élan pailleté de solidarité.

Intitulé En réponse à l'appel des "riches", l'appel des moins riches..., un certain Jean-Marie Menin déclenche ainsi une polémique qui a tout l’air d’être un gag. Peut-être que dans la foulée verrons-nous naître un nouvel appel émanant des moins riches que riches, Rmistes ou chômeurs qui seront certainement ravis de voir leurs noms affichés dans la presse

La révolte des mangeurs de Sushi

Caricaturée par la presse conservatrice, la classe moyenne de Tel-Aviv, guettée par la précarité, est pourtant au cœur des revendications sociales en Israël.

Tout avait commencé par un modeste campement sur la bien nommée et très chic avenue Rotschild de Tel Aviv en juin dernier. Et puis, à l'image des révolutions arabes, les revendications de la jeunesse se sont étendues à l'ensemble de la société et notamment aux classes moyennes. Les raisons de la colère ? Le désormais célèbre pouvoir d'achat : les logements ont augmenté de plus de 60 %, les prix de l'alimentation et du carburant se sont envolés alors que les salaires stagnent.

Ils étaient plus de 100.000 manifestants à être descendus dans la rue le 31 juillet dernier, Jérusalem se retrouvant envahie par des familles avec poussettes. Le 6 août, ils étaient trois fois plus nombreux. La situation du pays étant saine, les Israéliens se retournent donc contre le Premier ministre Benyamin Nétanayahou. "Bibi, game over" aime crier a foule qui lui reproche notamment d'être "le fossoyeur de la classe moyenne".

Sur le site de France 24, quelques témoignages donnent une idée de l'ampleur des problèmes. "Sans l'aide de nos parents, nous ne pourrions pas nous en sortir" explique notamment un père de famille. Attention donc aux bobos, à ces mangeurs de sushis désormais suivis par les classes populaires, celles des "mangeurs de falafels".

lundi 15 août 2011

Une coupe bretonne à 10 €

Une coupe dans le vent
Au marché, entre un habile vendeur d’épluches légumes révolutionnaires et un breton expert en galettes de sarrasin, un coiffeur propose une coupe de cheveux à 10 €.

Le blog de la classe moyenne a testé pour vous le coiffeur de rue installé sur la place du marché de Concarneau. La tente dans laquelle s’engouffre un air marin tonifiant accueille à la fois des habitués et des touristes tentés par cette expérience capillaire à prix discount. Pour les plus réticents, le slogan précise qu’il s’agit d’un « vrai métier ».

Et pour légitimer cette pratique de coupe de cheveux en plein air, le site Internet du coiffeur ambulant se fait lyrique : « Dans la tradition bretonne, le coiffeur itinérant, au delà de sa fonction première, maintient des liens sociaux et familiaux dans une région à l’habitat dispersé. » Sous le petit chapiteau blanc, l’ambiance est détendue, on discute en attendant patiemment son tour. Ludovic pratique une coupe sur cheveux secs qui semble contenter tous les clients présents. Le vent balaie les cheveux coupés, et l’on respire dans ce petit carré de toile, loin des salons conventionnels saturés de laques et autres shampoings miracles.

Ce coiffeur de rue est également présent sur les marchés de Pont l’Abbé et de la Forêt Fouesnant. Une version urbaine dont la formule propose une coupe ou un brushing à 10 € en 10 minutes existe en outre dans les gares ou les centres commerciaux de quelques grandes villes françaises : Beauty Bubble.

jeudi 21 juillet 2011

« Je suis en amour avec la classe moyenne »

Au Canada aussi, la classe moyenne subit les effets de la crise économique. Confrontée à une hausse de 10% de l’immobilier ou bien encore agacée par l'augmentation des droits d’inscription à l’université, la classe moyenne canadienne donne des signes d’énervement.

Dans son "blogue" (selon l'orthographe en vigueur au Québec) - Le Chialeux de salon  - un confrère compare la situation canadienne à la situation européenne : « Pour ma part, je constate comme un peu tout le monde, que la classe moyenne québécoise s’est globalement appauvrie. Si la richesse relative est la même, et encore là j’en doute, les ménages doivent avoir deux adultes au travail pour espérer se payer une maison en banlieue. Cela dit, à voir le nombre de banlieusards avec deux voitures et une piscine dans la cour, je me dis que l’on est quand même beaucoup plus à l’aise que la classe moyenne européenne… ».

Pour étayer ses propos, il se réfère notamment à une passionnante série de cinq reportages programmés sur Radio Canada qui donne un aperçu des classes moyennes en Amérique du Nord mais aussi en Inde. La diffusion de ce document sonore donne lieu à des échanges de mails assez toniques comme par exemple : « Si tu as encore le moyen de rouler en 4X4 avec l'essence à 1.439$/ le litre ne viens pas te plaindre » écrit un auditeur.

Face à de nombreuses moqueries sur leur mode de vie, Lise Ravary, journaliste au magazine Châtelaine livre un sympathique plaidoyer : « Moi, je suis en amour avec la classe moyenne. Sans elle, il n’y a pas de pays. Pas de villes et pas de campagnes. Pas de culture. Pas de travail, pas de services. Aux dernières nouvelles, les gens qui achètent des autos font travailler des gens dans des usines. Les familles qui achètent des bungalows en banlieue font travailler les gens de la construction. La classe moyenne, c’est le plus grand réseau d’entraide planétaire. C’est elle qui paie la majorité des impôts, c’est elle qui élit les gouvernements. Or, la classe moyenne en a ras le pompon d’être ignorée. Ou, pire, méprisée par les élites. »

mardi 12 juillet 2011

Un livre qui parle de nos découverts

A la fin du mois, on mange des petits  pois

Chacun connaît le difficile colmatage de la digue des découverts bancaires dont on frôle le dépassement en fin de mois...

Evidemment, le titre n’est pas glamour. En l’intitulant Fins de mois difficiles pour les classes moyennes, Régis Bigot, économiste et professeur d’analyse sociétale de la consommation, ne prétendait  pas avoir conçu le best-seller de l’été. Mais quand même, voilà enfin quelqu’un qui semble s’intéresser à notre inconfort économique, à ces découverts chroniques comblés avec plus ou moins de bonheur.

Comme toute personne sensée, l’auteur commence par s’interroger sur la difficile définition de la classe moyenne en lui consacrant la moitié de l’ouvrage. Après une cinquantaine de pages affriolantes composées de graphiques et de références, l’auteur distingue les classes moyennes inférieures (dont le revenu par personne est compris entre 1120 et 1750 € par mois avant impôt) et supérieures (entre 1750 € et 2600 €).

Globalement, l’auteur affirme ensuite que depuis les années 70, leur niveau de vie a presque été multiplié par deux, rompant ainsi avec les « qualificatifs à connotation dépressive » actuellement associés à l’expression de « classe moyenne ». Cette crainte du déclassement serait d’ailleurs le ciment de cette classe sociale qui subit par ailleurs une précarisation professionnelle croissante et une augmentation réelle des dépenses « pré-engagées » (loyer, frais bancaires, chauffage, impôts, …) réduisant de fait sa liberté de consommation… Le point de crispation est celui du logement, de plus en plus cher, mais aussi de plus en plus confortable.

Amis catastrophistes, l’économiste vous le dit, la thèse de la paupérisation est fausse. Le sentiment d’instabilité sociale résulte d’un monde professionnel en pleine mutation et  de la célérité de l’enrichissement des classes aisées qui distancent de plus en plus des classes moyennes. Ah, les riches …

Fins de mois difficiles pour les classes moyennes
Régis Bigot, CREDOC, Editions de L’Aube

jeudi 30 juin 2011

Camping industriel

D’après le site Internet, le camping ombragé donnait sur la plage. Dans les faits, il donnait sur un magasin de hard discount. Récit.

Avant qu’il ne soit trop tard, avez-vous penser à vous renseigner sur le nombre d’emplacements du camping où vous avez réservé cet été ? Le blog de la classe moyenne a testé pour vous le camping industriel avec un site composé de 900 emplacements pour tentes et caravanes auxquels il convient d’ajouter plus de 400 habitats de toile. Si on se base sur la famille française de base – 2 parents et 2 enfants – le camping peut absorber jusqu’à 5000 personnes.

Mon arrivée dans ce village de tentes a provoqué une violente migraine qui m’a condamné à passer ma première nuit dans la chambre aux murs en polyéthylène. Au petit matin, la vision de ces tentes m’a donné un vague aperçu de ce que pouvait être un village de réfugiés. La vue est imprenable sur la partie de Scrabble des voisins ou sur le bloc sanitaire numéro 5 où l’on se rend avec quelques feuilles ouatées soigneusement cachées dans le fond de sa poche. D’autres tempéraments, plus décomplexés, se rendent tranquillement vers ce petit bunker le rouleau à la main, sifflotant avec une impudeur désarmante.

Nous avions retenu une tente déjà montée, un T2 fonctionnel disposant d’une petite terrasse d’où le regard embrase la maudite pinède colonisée par des familles évoluant en tenues sportives et criardes. Le prix de la location, à plus de 750 € la semaine, est finalement horriblement élevé même s’il inclut les loisirs pour les enfants qui ont bien entendu rechigné à s’inscrire aux chasses aux trésors organisées par des animateurs à peine remis de leur sortie en discothèque de la veille. Je laisse donc la conclusion à mon fils : « Je n’aime pas les vacances en captivité ».


vendredi 17 juin 2011

Déclarations intempestives

Trois citations enchanteresses sur les classes moyennes ...

Grand vainqueur du discours politique le plus rance et le plus provocateur, Howard Flight, parlementaire conservateur britannique avec cette sortie outrancière :  "Nous allons avoir un système où les classes moyennes seront découragées de faire de  l'élevage (d'enfants) parce que c'est drôlement cher. Mais on fait tout pour y inciter ceux qui bénéficient d'aides. Ce n'est pas très raisonnable." Un commentaire est-il vraiment nécessaire ?

Au niveau hexagonal, la palme est remportée haut la main par Jean-François Coppé qui livrait en 2006 sa vision des revenus moyens de la classe moyenne : «Un professeur certifié en fin de carrière, ça gagne à peu près 4.100 euros par mois. Un informaticien après 10 ans d'expérience, un conducteur de TGV en fin de carrière, un VRP, ça gagne aussi entre 4.000 et 4.200 euros par mois. »  Que ces gros salaires lèvent le doigt !

Passée inaperçue, la déclaration d’Erice Besson en 2007 a le chic de dire tout et son contraire : « Si les Français rêvent d’ascension sociale, c’est au sein de la classe moyenne, et pas en dehors d’elle. C’est ainsi que l’idée de classe moyenne est une manière de concilier aspiration à l’égalité et aspiration à la distinction ». Eric Besson, grand prix de l’oxymore politique !

vendredi 10 juin 2011

Mon très cher vélo

A priori, rouler à bicyclette n’offre que des avantages. Ecologique, économique, la petite reine semble être l’alliée des classes moyennes. Et pourtant …

En bon citadin, je suis parfaitement incapable de réparer un pneu crevé. Il m’en coûte donc 15 € par réparation dans ma nouvelle boutique de proximité : Au vélo électrique. Et puis, à force de crevaisons, j’ai délaissé mon engin au profit des vélos municipaux. Les beaux jours revenus, je suis revenu voir mon réparateur pour une remise en état. Montant du devis ? 170 € ! Un peu élevée la facture pour un vélo qui a coûté moins de 300 €. J’ai demandé au vendeur - un vrai pro du guidon qui doit se droguer chaque week-end aux dénivelés des gorges du Verdon - si mon vélo était un modèle jetable car il est vraiment loufoque de débourser une telle somme juste pour remplacer une roue voilée et des patins de freins. J’y ai gagné un discours moralisateur sur le mauvais traitement infligé à mon vélo de ville. Attention donc aux attrapes bobos que ce sont ces nouvelles boutiques de luxe que je rebaptiserai volontiers : Au vélo qui se la pète

Un site sympa vous permettra de mettre les mains dans le cambouis pour réparer par vous même votre cycle : http://velo-reparation.fr. On y trouve même un forum qui permet par exemple de débrider un vélo électrique. Frissons garantis, il fallait y penser !

Dernier conseil, pour équiper les enfants qui n’arrêtent pas de grandir, privilégiez les trocs printaniers et automnales des grandes surfaces de sport comme par exemple le désormais célèbre Trocathlon pour acheter des vélos qui ne durent qu'une saison : http://trocathlon.decathlon.fr/home.php


jeudi 2 juin 2011

La classe moyenne iranienne loin des clichés

Plus de 500.000 spectateurs en France
Une séparation, film de l’Iranien de Asghar Farhadi est un thriller social qui fait vaciller nos idées reçues.

La société iranienne est bien plus complexe que voudrait nous faire croire le terrifiant Ahmadinejad qui déclarait récemment que « La nation iranienne est faite de 75 millions de personnes qui adorent Dieu, de fidèles et qui soutiennent le système ». L’essor foudroyant d’Internet, le recul de l’illettrisme et la recherche d’un nouveau modèle économique a fait bouger la société qui a notamment vu émerger une classe moyenne en mal de reconnaissance.

Auréolé de trois récompenses au dernier Festival de Berlin (meilleur film, meilleures interprétations féminines et masculines), Une séparation de Asghar Farhadi met en scène les tiraillements d’un couple en instance de divorce. Simin, l'épouse, veut quitter l’Iran pour le Canada afin de donner un meilleur avenir à sa fille tandis que Nader, son mari, employé de banque, souhaite rester au pays. Afin de prendre soin de son père malade, Nader embauche Razieh, une aide-soignante très pieuse. Suite à un différend, Nader va bousculer Razieh, entraînant de fait un violent conflit avec sa nouvelle salariée et son mari. Si d’emblée, le spectateur occidental s’identifie au couple de la classe moyenne et rejette le couple empêtré dans sa stricte religiosité, il est ensuite rapidement déstabilisé par l’évolution de la situation, le réalisateur nous obligeant sans relâche à revoir nos jugements, faisant valser les étiquettes et les préjugés. On découvre alors une société ayant peu confiance en elle, hésitant entre tradition et modernité, poussée en avant par le dynamisme des femmes.

Le réalisateur confirme cette sensation de fragilité sociale : « En raison de l’instabilité économique, nous n’avons pas en Iran de distinction de classes bien établies et on peut passer rapidement d’une classe à l’autre. Suite à la guerre contre l’Irak, beaucoup de familles aisées sont devenues plus modestes, après avoir tout perdu. Elles ont néanmoins conservé la culture et les moeurs de leur milieu d’origine. Il y a aussi beaucoup de changements dans le sens inverse, avec des personnes qui se sont rapidement enrichies sans bénéficier, quant à elles, de la culture de leur nouvelle classe sociale. »

A lire également un article sur la classe moyenne iranienne dans Courrier Internationalhttp://www.courrierinternational.com/article/2011/06/07/une-spirale-descendante