Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 2 juin 2011

La classe moyenne iranienne loin des clichés

Plus de 500.000 spectateurs en France
Une séparation, film de l’Iranien de Asghar Farhadi est un thriller social qui fait vaciller nos idées reçues.

La société iranienne est bien plus complexe que voudrait nous faire croire le terrifiant Ahmadinejad qui déclarait récemment que « La nation iranienne est faite de 75 millions de personnes qui adorent Dieu, de fidèles et qui soutiennent le système ». L’essor foudroyant d’Internet, le recul de l’illettrisme et la recherche d’un nouveau modèle économique a fait bouger la société qui a notamment vu émerger une classe moyenne en mal de reconnaissance.

Auréolé de trois récompenses au dernier Festival de Berlin (meilleur film, meilleures interprétations féminines et masculines), Une séparation de Asghar Farhadi met en scène les tiraillements d’un couple en instance de divorce. Simin, l'épouse, veut quitter l’Iran pour le Canada afin de donner un meilleur avenir à sa fille tandis que Nader, son mari, employé de banque, souhaite rester au pays. Afin de prendre soin de son père malade, Nader embauche Razieh, une aide-soignante très pieuse. Suite à un différend, Nader va bousculer Razieh, entraînant de fait un violent conflit avec sa nouvelle salariée et son mari. Si d’emblée, le spectateur occidental s’identifie au couple de la classe moyenne et rejette le couple empêtré dans sa stricte religiosité, il est ensuite rapidement déstabilisé par l’évolution de la situation, le réalisateur nous obligeant sans relâche à revoir nos jugements, faisant valser les étiquettes et les préjugés. On découvre alors une société ayant peu confiance en elle, hésitant entre tradition et modernité, poussée en avant par le dynamisme des femmes.

Le réalisateur confirme cette sensation de fragilité sociale : « En raison de l’instabilité économique, nous n’avons pas en Iran de distinction de classes bien établies et on peut passer rapidement d’une classe à l’autre. Suite à la guerre contre l’Irak, beaucoup de familles aisées sont devenues plus modestes, après avoir tout perdu. Elles ont néanmoins conservé la culture et les moeurs de leur milieu d’origine. Il y a aussi beaucoup de changements dans le sens inverse, avec des personnes qui se sont rapidement enrichies sans bénéficier, quant à elles, de la culture de leur nouvelle classe sociale. »

A lire également un article sur la classe moyenne iranienne dans Courrier Internationalhttp://www.courrierinternational.com/article/2011/06/07/une-spirale-descendante

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