Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

vendredi 30 septembre 2011

Quitter Paris et devenir un notable

Un kit pour l'exil

Le nouveau hors-série de L’Express est consacré à tous ceux qui souhaitent quitter la capitale. Et si le passage par la province faisait de vous un notable ?

Avec ce magazine, les journalistes de l’hebdomadaire livrent les clés pour réussir son installation en région en abordant tout à la fois la question de l’emploi et du nouvel environnement climatique, social, culturel, éducatif, bref tout ce qui va constituer le cadre d’une nouvelle vie loin de la fourmilière francilienne. Principale raison invoquée pour quitter Paris : le prix prohibitif de l’immobilier, même si les prix provinciaux ont grimpé eux aussi de manière peu raisonnable. Avec un peu plus de 200.000 € il est  possible de dénicher une maison de village proche d’une préfecture de Département ou de Région.

Stéphane et Charlotte ont récemment quitté leur deux pièces de Saint-Quentin-en-Yvelines pour une maison avec terrasse d’un petit village de l’Yonne. Leur profession de journalistes leur permet une certaine souplesse d’organisation, dessinant une nouvelle vie qui associe la fébrilité parisienne à la quiétude provinciale. Au village, leurs horaires décalés intriguent et laissent à penser qu’ils ont des professions bien atypiques. Leur inscription au club de tennis local a eu valeur de sésame pour rencontrer les notables locaux. Plus efficace qu’un ascenseur social, ce déménagement familial les a fait passer dans la catégorie sociale supérieure sans pour autant travailler plus.

mardi 27 septembre 2011

Le frisson de la pierre

A saisir... saisissant

Je m’étais promis de ne plus surfer sur les sites dévolus à l’immobilier, de ne plus passer en revue les vitrines des agences… Il aura suffi d’une alerte mail pour que revienne cette pulsion d’accès à la propriété.

Entre deux offres commerciales pour des cartes de visite gratuite ou une baisse de 10% pour un massage capillaire, une alerte mail (l’appellation est un brin grandiloquente) m’avertit qu’un appartement ancien  95 m2 dans un immeuble de caractère est disponible à 195000 € ! Le quartier est attractif et une terrasse achève de me convaincre qu’il ne faut pas tarder à prendre rendez-vous avec une agence.

L’agent immobilier m’invite à cesser toute activité pour admirer ce bien hors norme. Les appels pleuvent, réveillant cet automne immobilier jusqu’à présent bien calme. Une telle offre, il faut s’en souvenir, n’est pourtant qu’un leurre. Première déconvenue : si l’immeuble est situé sur un boulevard attractif, il s‘agit du segment le plus bruyant, à proximité d’une rocade terriblement bruyante à laquelle notre agent oppose un argument imparable : « c’est de l’hyper centre ». Deuxième déconvenue : la terrasse est un balcon. A partir du moment où il est possible de prendre un repas dehors, il convient de se rappeler que le balcon se sublime et devient terrasse. Et puis, évidemment les petits travaux pressentis pourraient atteindre 40.000 €.

De retour au bureau, nouvelle alerte : 85 mètres carrés à 170.000 € avec balcons. Une offre rare. Mais les photos mises en ligne me permettent de localiser cette nouvelle merveille : hyper centre, hyper bruyant, hyper déprimant.

vendredi 23 septembre 2011

Une romancière à Auchan

Dans le nouveau supplément Culture et idées du quotidien Le Monde, Annie Ernaux l’affirme : « les classes sociales n’ont jamais disparu ».

Cette fille d’épicière, comme elle le rappelle elle-même, confirme son intérêt pour l'approche sociologique qui a toujours nourri son oeuvre littéraire. Elle réhabilite vaillamment les mots de « travailleurs » ou de « classes sociales » à partir d’observations in situ.


Son terrain d’enquête se situe notamment dans l’hypermarché d’Auchan de Cergy où elle regarde avec attention les produits qui défilent sur le tapis roulant des caisses enregistreuses à l’aune d’une célèbre assertion de Karl Marx : « Dis-moi qui tu manges, je te dirai qui tu es ».

La romancière déjoue avec une hargne salutaire la sémiologie des communicants en traduisant par exemple « self discount » par « produits pour pauvres ». Elle offre ainsi un point de vue franc et direct sur le réel : « la réalité, ce sont les factures d’électricité qui arrivent le samedi et pourrissent le week-end ». Un entretien  sobre en totale opposition avec un reportage publié dans le magasine de ce 24 septembre 2011 sur ce grand patron français dont la vidéo estivale, avec peluches et fiancée, avait  fait le tour du Web. Loin du Auchan de Cergy, c’est « la vie rêvée d’Arnaud Lagardère ».


Les romans de Annie Ernaux sont disponibles en format de poche, soit à prix discount.

mercredi 21 septembre 2011

Une classe moyenne chinoise futile ?

ça vous rappelle quelque chose ?

Les Européens semblent afficher un soupçon de mépris pour les aspirations des classes moyennes asiatiques souvent caricaturées pour leur supposée futilité.

Un court document édité par l’AFP et repris sur Youtube a en effet choisi un titre assez racoleur pour stigmatiser le comportement des nouveaux consommateurs chinois : La classe moyenne chinoise se damnerait pour un sac de luxe. Comme si les consommateurs occidentaux étaient au-dessus de cette aspiration consumériste ! Non seulement les clientes chinoises n’auraient pas droit aux mêmes caprices que nous, mais en plus, nous faisons comme si nous étions un modèle de société enviable et copiable à l’envi.

Une autre information allant dans ce sens a fait le tour des rédactions cet été : les Chinois ont copié sans vergogne sur IKEA, référence de la classe moyenne européenne. Un petit tour dans le magasin Furniture de Kumning présenté par Le Parisien et nous voici comme à la maison. 

dimanche 18 septembre 2011

Un consommateur schizophrène

Il va falloir être créatif en cuisine...
Le consommateur de 2011 oscille désormais entre hard discount et produits de luxe.

« Des nouilles Leader Price et le dernier MacBook dans le même panier de courses », voilà comment était résumé le comportement des consommateurs issus de la classe moyenne dans un article récent de La Tribune. Et de poursuivre, chiffres à l’appui, en montrant que le recours au hard-discount a progressé de 50 % de 2001 à 2006.

Pour ma part, du hard discount, je ne retiendrai que les basiques – lait, farine, œufs, yaourts – qui se fondent dans la cuisine avec une certaine discrétion. Ils permettent d’imaginer des plats présentables à partir du moment ils sont rehaussés de produits plus chics. Exemples : une salade de tomates achetées à l’épicerie paysanne du coin et assaisonnés avec de l’huile d’olive Dia, une tarte aux fruits rouges surgelés Picard avec une pâte sablée maison confectionnée avec du beurre bio, … Et pour les grandes occasions, notre Hédiard à nous, c’est Monoprix.

Faire les courses consiste alors à imaginer un parcours raisonné entre hard-discount, petit producteur local et supérette de produits congelés. Et pour valoriser le tout, il convient de dédaigner les préparations culinaires toutes faites au profit de productions home made, tellement plus valorisantes.

mercredi 14 septembre 2011

Canapés du monde

Faites-vous le remake.

De nouveaux sites permettent de voyager à coûts réduits en développant des réseaux plus ou moins amicaux basés sur l’échange de logements.

Si vous êtes jeune et peu susceptible, la formule du Couch Surfing, dont la traduction pourrait être « surfer sur un canapé » consiste à s’inscrire en ligne afin de trouver d’autres jeunes gens disposés à vous accueillir. A charge pour vous d’offrir la réciproque en invitant à votre tour. Le site est disponible uniquement en anglais et la touche permettant la traduction en français semble inactive. Autre écueil, la confiance est parfois difficile à gagner comme en témoignait récemment un jeune canadien hébergé à Barcelone forcé de quitter les lieux à l’aube et de rentrer à une heure tardive, ses hôtes refusant de le laisser seul dans l’appartement.

Pour palier cette inquiétude, www.staysatfriends.com permet de restreindre ce type d’échange aux amis des amis. Ce site plutot bien conçu, découpé selon les trois âges de la vie – jeunes, familles et retraités – est gratuit les 150 premiers jours et devient ensuite payant pour la modique somme de 9 € par an. Evidemment, chaque site met en avant le côté relationnel de l’opération, faisant de la gratuité un argument de second ordre… L’ensemble des sites Internet proposant des échanges gratuits ou presque est disponible à l’adresse suivante : http://www.habiter-autrement.org

mardi 13 septembre 2011

Mon petit chez moi

Même si depuis plus de vingt ans, la taille des surfaces habitables semble se développer, quelques indices laissent penser que la tendance commence à s’inverser.

La très sérieuse INSSE est formelle. Le nombre de pièces par habitant ne cesse de croître, passant ainsi de 1,47 pièces en 1990 à 1,72 pièces en 2004. On appréciera au passage le charme statistique de 1,72 pièce qui doit être bien difficile à meubler. Chacun sait pourtant qu’aujourd’hui, il devient très difficile d’acquérir de belles et amples surfaces. Deux possibilités pour les classes moyennes : s’éloigner des centres villes ou choisir du péri urbain souvent si romantique. A titre d’exemple, un couple de parisiens gagnant 7000 € par mois peut s’acheter un appartement de 49m2 dans la capitale. Un joli rêve de petit propriétaire…

Apprenons donc à penser petit comme nous le suggère le directeur français du grand magasin d’ameublement suédois dans l’édition 2011 de son catalogue : « Nous sommes de plus en plus nombreux à vivre dans de petits espaces. Financièrement plus abordables, ils présentent également l’avantage d’être plus intimes, plus rassurants… ». Ainsi la rubrique « Petits espaces » s’avère pleine de promesses : « Coincer une petite buanderie dans une petite salle de bains sans perdre sa zénitude ». A méditer en famille à la cafétéria devant la fontaine à sodas et son gobelet à un euro pour des bulles à volonté…

vendredi 9 septembre 2011

De l’or pour les braves

De retour de vacances, je constate que l’élégant maroquinier du coin de ma rue a cédé la place à une boutique de rachat d’or…

La grande fonderie du peuple est en marche. L’or, dont le cours est au plus haut, intéresse beaucoup les marchands. Dans ma ville, ce sont huit boutiques qui viennent d’ouvrir, une manière comme une autre d’installer la crise dans notre paysage quotidien.

Il est désormais l’heure de racler les fonds de tiroir. Pour le fondeur tout est bon : débris d’or, vieil or, bijoux cassés, lingots. On peut même recycler les antiques couronnes dentaires des aïeux, même si, par pudeur, le panneau ne le mentionne pas. A moins qu’il ne faille entendre « couronne dentaire » quand il est écrit « bijoux non récupérables »…

Mais il existe désormais un autre lieu, plus neutre, qui permet désormais de se débarrasser de ses lingots : chez le buraliste. Ouest-France raconte ainsi comment les transactions d’or sont menées par un expert au sein du bureau de tabac d’un petit village breton. L’ambiance y est presque aussi conviviale qu'une réunion de Tupperaware.

lundi 5 septembre 2011

Un nouveau Gandhi pour la classe moyenne indienne


Rien ne va plus au pays des castes. La corruption freine le développement personnel alors que le pays s’enrichit.

Alors que les Français râlent contre la nouvelle taxation des sodas, les Indiens voient leur accès aux fruits et légumes se compliquer. C’est Green et vert qui a relayé un rapport de l’association des chambres de commerce et de l’industrie indienne selon lequel plus de 50% de la classe moyenne dite « inférieure » a été contrainte de se priver de fruits et légumes ou d’en réduire sa consommation.

Cette étude n’est pas anecdotique quand on sait qu’en Inde la classe moyenne représente plus de 300 millions de personnes et qu’un disciple de Gandhi porte haut et fort leurs revendications. Selon le quotidien canadien La Presse, Anna Hazare « enflamme la classe moyenne ». C’est donc cette nouvelle caste qui adhère le plus à cette campagne anticorruption, celle qui peut payer des études à ses enfants et bénéficier d’un peu de temps libre. Mais c’est la même classe moyenne qui, selon un témoignage paru dans Rue 89, « possède des voitures, mais le pétrole est hors de prix, elle a acheté des maisons, mais elles sont hypothéquées et payer un pot-de-vin est devenu monnaie courante ».

Elle s’en remet donc à ce gourou de 74 ans qui avait entamé une grève de la faim le 16 août à laquelle il a mis fin le 28 août, pensant avoir été entendu par les parlementaires de son pays. Mais un article du Post rappelle que ce pacifiste avait fait frapper des alcooliques de son village natal en les attachant à un arbre.

A écouter, un reportage de Radio Canada sur la classe moyenne indienne.

vendredi 2 septembre 2011

Le grand roman de la classe moyenne américaine

Après Les Corrections, Jonathan Franzen publie Freedom, saga d’une famille américaine moyenne des années 70 à nos jours. Il nous en offre en bonus une citation assassine.

C’est déjà un succès aux Etas-Unis avec pas moins d’un million de livres vendus et la Une du Times en tant que grand écrivain américain pour Jonathan Franzen. Sorti en France au mois d’août, Freedom est l’un des événements de la rentrée littéraire en France. Selon L’Express, cette saga de 700 pages passe facilement le cap de la page 99 ! Comme dans un sitcom de luxe, on suit la vie de Patty, ex-basketteuse, tiraillée entre son mari et le meilleur ami de son mari avec en toile de fonds les grands bouleversements du pays, comme par exemple la guerre en Irak.

La sortie de ce livre permet à Franzen de livrer la plus belle citation littéraire de l’année sur la classe moyennes : «  le visage de la classe moyenne aux Etats-Unis est un summum de vacuité béate ». Cette citation est à retrouver dans un long entretien paru sur le site du Nouvel Observateur.

Un extrait de Freedom lu par Fabienne Bussaglia est disponible sur le site de Télérama.