Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 4 octobre 2012

Fantasmes sur la femme de la classe moyenne


L'icône de la classe moyenne ?

Pour son nouveau film, Dans la maison (en salles le 10 octobre), François Ozon a fait d’Emmanuelle Seignier une icône fantasmagorique.

Le pitch : un adolescent en plein marasme existentiel se choisit comme sujet de rédaction une famille de la classe moyenne afin d’épater son professeur de français (Fabrice Luchini). L’adolescent se met alors à fantasmer sur Esther, la mère au foyer frustrée (forcément) dont la seule aspiration est d’ordre matériel, l’aménagement de la véranda et de la salle de bain faisant office de projet de vie. Les revues de décoration intérieure sont ainsi sa seule lecture. L’ennui guette la femme mariée ? L’adolescent s’engouffre dans cette brèche en délirant  sur « son corps de femme de la classe moyenne » et s’émeut de « l’odeur si significative de la classe moyenne ».  Si Emmanuelle Seignier endosse la caricature avec une certaine élégance dans ce film assez plaisant, on resta pantois devant le côté popote du personnage d’Esther.  Je propose donc d’inviter le réalisateur à la maison non pas pour humer l’odeur corporelle de la classe moyenne mais pour lui faire comprendre que la course au confort moderne est totalement dépassée, relayée aujourd’hui par la lutte contre le déclassement.

lundi 17 septembre 2012

Tout est mini dans notre vie


... mais il fait le maximum.

Maintenir le prix du produit tout en baissant la quantité est la nouvelle idée marketing du moment. Bienvenue dans le monde riquiqui des mini doses.

Un lecteur vigilant de Que Choisir (pléonasme) s’est ému récemment que la contenance de son bidon de sirop Tesseire au citron vert était passée de 75 cl à 60 cl pour un prix constant. Estomaqué par cette perte de 15 centilitres, ce consommateur en colère a écrit au marchand de sirop qui lui a répondu que le cours de l’acier et celui du concentré de fruit étant en hausse, il a choisi de « maintenir un prix unitaire qui demeure accessible ».

Et pour que tout reste accessible, nos amis industriels ont inventé la mini dose comme en témoigne un article paru dans Le Monde du 3 septembre. Le journaliste rapporte que le responsable européen de Unilever (le géant mondial de la lessive) souhaite reprendre l’idée des modèles réduits en cours dans les pays en développement : « Si un Espagnol ne dépense plus en moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget". Les Espagnols apprécieront que ce grand industriel ait pensé à eux.

Mieux vaudrait donc garder un peu de liquide que de le thésauriser dans sa salle de bain sous forme de poudre à laver en bidon. Les économistes ont donné un  nom à ce comportement : l’épargne de précaution. Me voici donc condamné à ranger mes micro courses dans mon « microspace » Fiat en remplaçant désormais mes yaourts par des petits suisses pour devancer les belles idées de ces grands professionnels du marketing.

mardi 4 septembre 2012

Crise ibérique


Des jambons en noir pour protester

Un périple estival en Espagne m’a permis de constater que nos voisins ont la crise discrète.

Dépenser un peu d’argent dans un pays en crise m’a donné le sentiment d’être un bon citoyen européen. Passer trois petites semaines en Espagne, c’est quand même plus digne que d’acheter une maison en Grèce en profitant cyniquement de l’écroulement de l’immobilier. Acheter quelques fringues à Barcelone, louer une chambres d’hôtel à Grenade ou à Cordoue, voilà de menues dépenses qui tomberont directement dans la cagnotte espagnole qu’on annonce bientôt vide. Même la tonitruante Catalogne en appelle à l’Europe. Et l’Andalousie vient juste de demander une aide à Madrid.

Fouler un pays en tongs, même en plein mois d’août, permet-il de déceler quelques indices de la crise ? D’abord les soldes, généralement très intéressantes, s’avèrent cette année délirantes. Mais, bien que l’Espagne ressemble désormais à une immense braderie, les magasins restent déserts. Ici et là, quelques bars affichent un avertissement : « Ici, on ne parle pas de la crise ». Certains restaurants proposent également un menu « anticrise ». Mais à voir, les tablées familiales qui, la fraîcheur revenue, envahissent les terrasses, on pourrait croire que la crise a épargné l’Espagne. Les tentes des indignés de Madrid ont levé le camp et c’est dans l’intimité, loin des routards du monde entier, que se vit la crise au jour le jour, comme en témoigne ce reportage. On retiendra donc qu’un touriste est tout, sauf un économiste.

mardi 28 août 2012

Jamais sans mon frigidaire


Notre totem de l'été
En vacances, il y a pire qu’une absence de wifi : l’absence de frigidaire.

Pour faire la jointure entre deux locations, nous avons testé la formule camping en version espagnole. Notre séjour sous toile aura duré quatre nuits, durée maximum à ne pas dépasser sous peine de se transformer en cloporte car la position debout est quasi impossible. Rien à redire sur la piscine ou sur les délicieux plats à emporter si ce n’est que nous nous sommes retrouvés sans frigidaire. Nos voisins nordiques avaient tous à portée de la main des glacières électriques intégrées dans des cuisines montées sur roues proches de la perfection. Mais, nous, Français imprévoyants, comment survivre sans frigo ?

Impossible d’imaginer un petit-déjeuner au beurre rance et au jus d’orange tiède. Devant notre désarroi, le propriétaire du camping, a mis à notre disposition un vieux frigo qui ne manquait pas d’allure. Il est ainsi devenu notre totem, un signe extérieur de richesse.

Pour récompenser la famille d’avoir enduré quatre nuits aux confins de l’inconfort, nous nous sommes offerts une nuit dans un Novotel. Plus encore que le lit moelleux, c’est le mini bar réfrigéré qui s’est avéré le plus réconfortant. Au milieu des sodas, nous y avons trouvé un peu de place pour enchâsser nos portions de Kiri et nos briquettes de jus de fruit nous permettant d’organiser un petit-déjeuner low-cost.

mercredi 4 juillet 2012

Mourir à prix discount


Une touche de luxe
Depuis le 1er juillet un croquemort francilien facture des obsèques à 789 €. Une bonne affaire ?

Si cette offre a mis en émoi la profession, elle pose également une question cruelle à chacun d’entre nous : Avez-vous les moyens de mourir ? A quoi faut-il s’attendre quand on choisit de faire appel à une entreprise de pompes funèbres dont les prix sont sacrifiés ? Une lecture attentive du site Internet de ce soldeur de la mort révèle que la prestation est minimaliste. Mieux vaut être agnostique car toute indication religieuse posée sur le cercueil entraîne un surcoût. Le portage n’est pas compris, il vaut mieux avoir de bons amis et si possibles bien bâtis, car, comme le rappelle le site, ce n’est pas une mince affaire : « Attention, ceci requiert force et coordination, notamment lorsqu'il y a des escaliers. » Par contre, bonne nouvelle, le couffin est biologique : pas de vernis solvaté.

Quelques années plus tôt, un petit entrepreneurd’Indre-et-Loire avait déjà lancé sa ligne discount. Le modèle avec jardinet n’est qu’à 449 €. Et notre économique croque-mort promet que le granit est de première main : « Ces monuments funéraires sont neufs et n'ont jamais été posés dans un cimetière. » Mourir enseveli sous du marbre de seconde main, quelle déchéance. En Allemagne, la part du discount concerne 20 % des obsèques.

La société berlinoise Sargdiscount (Cercueil discount) offre une prestation à partir de 479 €, ce tarif étant réservé aux commandes par téléphone et dont la crémation (urne non incluse) est réalisée en République Tchèque. Quand on vous dit que la solution de la crise passe par l’Europe !