Gloomy sunday |
Petit matin blême. Il n’est que six heures et la place publique dévolue au vide-grenier est déjà au bord de la saturation. Il ne reste que des emplacements étroits ou inconfortables. Autour de vous, quelques représentants de la classe moyenne, des visages connus du quartier, de vagues connaissances rencontrées sur le chemin de l’école, vous renvoient un sourire contrit. Mais cette caste reste minoritaire car la majorité des exposants sont des semi professionnels qui ont dormi sur place, dans leur fourgonnette débordant de bric et de broc. D’où un vague sentiment de gêne. Si pour nous, les modestes bénéfices de ce grand déballage serviront à une sortie au restaurant ou à acheter quelques CD, on comprend que pour la majorité des exposants ces revenus d'un jour ne sont pas annexes, mais destinés à des besoins plus vitaux.
Et la journée qui s’écoule lentement confirme ce sentiment de décalage. Vous n’avez jamais les bons objets ni les bons prix. Le vélo bradé à 20 € est jugé trop cher. Les Barbie défraîchies, les albums de Sylvain et Sylvette, le service à raclette au design orange et marron des années 80 ou les patins à roulettes fluos taille 34 ne rencontrent aucun succès. La cagnotte avoisine difficilement les 40 €. Le soleil d’avril a la vigueur de celui d’un mois d’août. Echaudé par le climat et la maigreur de la recette, il faut plus d’une heure pour remballer ce fatras qu’il va falloir recaser dans le fond du garage. Un conseil : la prochaine fois, laissez faire les pros et restez au lit !
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