Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

mercredi 26 octobre 2011

Classe moyenne : la vraie définition

Jusqu'à présent, votre blog s'était abstenu de donner une définition de la classe moyenne autour de laquelle s'étrillent les sociologues. Au-delà du sentiment d'appartenance, c'est un sentiment de déception générale qui semble en être le ciment.

Avec votre bac + 5 en poche, vous avez abordé les années 90 si périlleuses en terme d’emploi pour parvenir à vous hisser laborieusement à un niveau de salaire décent. Après avoir joué des coudes pour monter dans le fameux ascenseur social, vous constatez désormais que la panne est générale.
Etre de la classe moyenne, c’est aujourd’hui :
  • Surveiller son compte en banque avec la même nervosité qu’un maître nageur un jour de grande marée.
  • Renoncer à acheter une surface décente pour se retrouver prisonnier d’une habitation à loyer immodéré
  • Différer ou annuler les petits rendez-vous chez les orthodontistes et autres sirupeux spécialistes aux honoraires dignes d’un consultant de la City de Londres
  • Tester avec opiniâtreté l’hospitalité de vos amis et de votre famille pour s’inviter chez eux chaque été avec vos charmants enfants
  • Préférer les Vosges ou le Jura pour les sports d’hiver, avec un peu de chance, il n’y aura pas de neige, donc pas de cours, pas de location de skis, …
  • Créer un cérémonial autour du livreur de pizza pour suppléer à la rareté des sorties au restaurant
  • … à vous d'écrire la suite ...

lundi 24 octobre 2011

En Helvétie, aussi

On croyait la Suisse au-dessus de tout problème d’ordre économique. Mais le petit paradis de la neutralité commence à ressentir les effets de la crise. Il n’y a pas le feu au lac, mais quand même.

Amis suisses, il va falloir être débrouillards
En Suisse, la classe moyenne est estimée à 60 % de la population même si 83% des citoyens suisses estiment en faire partie ! Pour en être, on considère qu’une personne seule doit gagner entre 40.000 et 95.000 € par an, tandis qu’il faut de 84.000 € à 199.000 € pour un couple avec deux enfants. Cette composition atypique en Europe suscite de nombreuses convoitises des partis politiques qui en font leur cœur de cible électoral comme en témoignent les communiqués de presse du PDC (Centre) : « La classe moyenne doit être renforcée en Suisse » ou du PS helvète  « Des moyens pour la classe moyenne ».

Ce qui fait souci en Suisse, comme partout en Europe, c’est que les revenus des classes aisées ont augmenté beaucoup plus rapidement que ceux de la classe moyenne. Les budgets familiaux se retrouvent notamment en tension pour l’habitat. Le coût du logement est tel que certaines familles doivent déménager à l’étranger… en France. Un récent sondage de La Tribune de Genève indiquait même que quatre familles sur dix ont désormais des problèmes financiers tandis qu’un reportage de la Télévision Suisse Romande pointait les difficultés rencontrées par les familles monoparentales. Des classes moyennes pauvres en Suisse ?

jeudi 20 octobre 2011

Partez en Camargue pour trois fois rien

Le phare de la Gacholle

Et si vous alliez en Camargue ? Hors-saison, la destination est plus qu’abordable. Les touristes sont partis. Les moustiques aussi.

Le blog de la classe moyenne a testé pour vous un petit hôtel à 50 € pour une nuit en chambre double avec douche (58 € en haute saison). Au Galoubet (rien qu’à lire son nom on entend le bruit des cigales), l’accueil est chaleureux, Nicole, la patronne, prépare d’excellents espressos et la piscine, une vraie piscine, pas un bac de douche aux reflets verdâtres, est ouverture 24 heures sur 24. Evidemment ce n’est pas un palace, l’établissement a un petit côté pavillonnaire des années 70 et sa salle de petit déjeuner n’échappe à la décoration gitano-espagnole en vigueur dans le coin. Mais son rapport qualité prix ainsi que sa situation à la sortie du bourg, à proximité de la mer et des étangs, en font la bonne adresse des Saintes-Maries-de-la-Mer. Au niveau restaurant, préférez le Jardin des délices situé du côté port plutôt que Le Fournelet dont les moules marinières semblent avoir été plutôt vomies que cuites.
Si vous avez une voiture, la plus belle des randonnées se situe du côté de l’étang de Vaccarès. La digue à la mer, bien qu’un peu difficile à trouver, permet une balade inoubliable dans un territoire qui résiste souvent à la découverte. Entre terre et mer, le phare de la Gacholle sera le clou de cette virée low cost. Et avec les économies réalisées, il vous restera de quoi parrainer unflamant rose à raison de 25 € par an.

lundi 17 octobre 2011

Vivement la retraite qu’on puisse aller au restaurant !

Mirage gastronomique

Je suis allé au restaurant. Et alors ? Avec ma petite quarantaine, j’ai constaté que j’étais le plus jeune de la soirée. Visiblement, le pouvoir d’achat est du côté des papys boomers…

C’était un petit établissement de bord de mer avec ses nappes en tissus, ses menus saturés de spécialités locales compris entre 18 et 34 € (sans les vins). Pas la gargote de plage, mais l’adresse sûre de la ville, celle du bien boire et du bien manger. Autour de moi, les têtes grises ne se contentent pas d’un plat unique ou d’une formule sage comme celle que j’ai commandée. Les papys et les mamies surfent en dehors des menus et s’offrent de jolies marmites de la mer à 34 € l’unité arrosés de vins blancs millésimés suivis de desserts affriolants. Où sont passées les familles de classe moyenne ?

La baisse de la TVA n’a rien changé, les cinquante centimes de ristourne sur les lasagnes n’y peuvent rien : la classe moyenne n’a plus les moyens de se payer un petit festin. Même les pizzerias ont laissé la place à la commande à la maison, moins amusante mais tellement plus économique. Et ne croyez pas que le fait de se priver de dessert est passé inaperçu aux yeux des restaurateurs. Un enquête menée auprès des professionnels montre un recul de 10 % des prises de boisson chaudes et de 5 % sur les desserts.

Le dernier endroit d’exultation de la « restauration hors foyer » comme disent les sociologues est cette célèbre grande surface suédoise qui offre des formules à prix très réduits. C’est quand même triste de devoir ingurgiter des boulettes de rennes pour se croire riche et inviter sa famille à faire bombance. Autre alternative des menus « Anti crise » qui fleurissent un peu partout mais cet intitulé économique aurait certainement fait perdre la salive au chien de Pavlov.

mercredi 12 octobre 2011

Mon oncle d’Amérique est fauché

L'Oncle Sam ne fait plus le malin

Le modèle américain de la famille de classe moyenne est en train de s’effriter. Tous les indicateurs économiques sont à la baisse.

Aux Etats-Unis, il n’y a pas que les banques et les fonds de pension qui font faillite, il y a également les familles, soit 120.000 chaque mois ! Les revenus de la classe moyenne n’ont augmenté que de 1,6 % dans les années 2000 contre environ 30 dans les flamboyantes années soixante.

La mobilité semble désormais descendante, voire catastrophique au regard des images récurrentes de ces familles expulsées dont le budget a été dévoré par des crédits immobiliers mal maîtrisés. Les modes de consommation évoluent, certains grands groupes, tels que Procter et Gamble (les rasoirs Gillette, les couches Pampers ou la lessive Bonux) privilégient désormais la fabrication de biens de consommation de bas de gamme et de haut de gamme, délaissant peu à peu les produits de moyenne gamme.

Barack Obama a bien compris que ce corps électoral était en souffrance en devenant le « guerrier des classes moyennes » : "Si demander à un milliardaire de payer les mêmes taux d'imposition qu'un enseignant fait de moi un guerrier de la classe moyenne, je suis très fier de cette étiquette".
L'Express propose une saisissante plongé dans le quotidien d'une famille américaine moyenne de l'Ohio : le rêve américain s'émousse. Quel sera alors notre modèle ? La Chine ?

samedi 8 octobre 2011

Le Koh-Lanta du recrutement

Notre brochette d'aimables recruteurs
Le 7 octobre, France 2 diffusait un documentaire édifiant sur les nouvelles méthodes de recrutement. La Gueule de l’emploi de Didier Cros est à voir de toute urgence.

Cinq recruteurs zélés ont décidé de faire mariner un groupe de demandeurs d’emploi afin d’organiser une sélection qui va les mettre sous une pression maximale. Tout commence par un petit jeu de rôle où chacun doit vanter les mérites de son voisin. Il s’agit ensuite de simuler une vente de trombones de couleurs que chacun va devoir ensuite commenter. L’idée de ce recrutement anxiogène consiste ainsi à ne pas se baser sur les CV des candidats mais à les placer dans un contexte de concurrence permanente.
A l’issue de la première matinée, deux candidats déclarent forfait tant les méthodes s’avèrent cruelles et irrationnelles. Cette défection est traduite par les recruteurs comme un manque patent d’envie de travailler. Les tests les plus sournois les uns les autres s’enchaînent, tout est fait pour humilier les candidats, jusqu’aux attaques personnelles : « vous avez les pieds qui bougent et les mains moites » se permet de faire remarquer un recruteur. Plus tard, on demande à l’unique candidate comment elle pourra concilier sa vie familiale avec sa vie professionnelle.
Cet excellent documentaire constitue un choc. Plus qu’un recrutement, c’est un casting aléatoire, inutilement violent destiné à embaucher un commercial dont le fixe sera celui équivalent à un SMIC. Les recruteurs ont accepté de laisser filmer leurs méthodes faisandées dans l’espoir d’en faire la promotion. En face, les demandeurs d’emploi acceptent avec plus ou moins de recul les règes de ce jeu pervers qui déshumanise.

Le film est disponible sur pluzz.fr jusqu’au 14 octobre.

vendredi 7 octobre 2011

Etranges nouvelles de Norvège

Qui n’a pas un jour rêvé d’abandonner son mode de vie standardisé pour se réfugier dans forêt ? Doppler, roman norvégien raconte comment un digne représentant de la classe moyenne passe à l’acte.

Andreas Doppler était un cadre heureux. Marié, père de deux enfants, disposant d’un bon travail, habitant une belle maison toujours remise au goût du jour, à peine contrarié par les mondanités d’usage, il est le portrait type de l’homme occidental comblé par la vie. Il aura suffi d’une chute à vélo pour qu’il rompe avec son environnement paisible et trouve refuge dans une forêt en lisière de sa ville.
Ce retour aux sources (au sens propre) lui fait alors comprendre qu’il doit cesser de s’appliquer : c’en est fini de la rénovation permanente de sa salle de bains en commandant des mitigeurs complexes ou du carrelage hors de prix. Son nouvel et unique ami est un jeune élan avec lequel il partage sa tente… On retrouve ici l’étrangeté toute nordique d’un Paasalina où la nature est très présente, très stimulante pour l’esprit. Plaisir du décalage pour ce Doppler, conte fantasque qui moque avec finesse l’addition de compromis qui constitue la vie moderne.

Disponible au format Poche en collection 10/18, Doppler de Erlend Loe coûte moins de 8 €.

mardi 4 octobre 2011

Le cadre qui craque, nouvelle figure du cinéma français

De bon matin, qui sort ce 5 octobre en salles, raconte la déchéance d’un cadre. Retour sur quelques figures de cadres au bord de la rupture.

Le cinéma français, pourtant réticent à s’inviter dans la vie professionnelle, nous a livré depuis le début des années 2000 quelques beaux spécimens de chaos managérial. La décennie s’est ouverte avec le portrait d’un cadre en apprentissage, Jalil Jaspert, jeune stagiaire recruté dans l’usine où son père est ouvrier. Ressources humaines (2000) de Laurent Cantet est une fine analyse d’un choc social et familial. C’est ensuite la double adaptation du livre d’Emmanuel Carrère conçu autour de l’affaire Romand, qui donne L’Emploi du temps de Laurent Cantet et L’adversaire de Nicole Garcia, tous deux nous livrant le portrait d’un cadre mythomane qui finira par anéantir sa famille. Aurélien Recoing et Daniel Auteuil sont tous les deux abominablement parfaits.
En 2003, le titre du film de Jean-Marc Moutout suffit à résumer l’ambiance générale : Violence des échanges en milieu tempéré. L’année 2005 nous offre la belle prestation d’Olivier Gourmet dans Sauf le respect que je vous dois de Fabienne Godet. La même année, José Garcia se mue en serial killer pour éliminer ses concurrents aux entretiens d’embauches dans Le Couperet de Costa Gavras. Glaçant.
C’est désormais au tour de Jean-Pierre Darroussin d’endosser le costume du cadre en crise. Le senior qu’il est devenu est mis sur la touche, victime d’un habile processus de harcèlement qui va le pousser au crime. Darroussin est vraiment convaincant en banquier déchu Les mécanismes d’exclusion y sont parfaitement analysés. Pas franchement hilarant, mais terriblement efficace. Et vraiment stressant quand on sait que l’idée de base est tirée d’un authentique fait divers.