Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 21 juillet 2011

« Je suis en amour avec la classe moyenne »

Au Canada aussi, la classe moyenne subit les effets de la crise économique. Confrontée à une hausse de 10% de l’immobilier ou bien encore agacée par l'augmentation des droits d’inscription à l’université, la classe moyenne canadienne donne des signes d’énervement.

Dans son "blogue" (selon l'orthographe en vigueur au Québec) - Le Chialeux de salon  - un confrère compare la situation canadienne à la situation européenne : « Pour ma part, je constate comme un peu tout le monde, que la classe moyenne québécoise s’est globalement appauvrie. Si la richesse relative est la même, et encore là j’en doute, les ménages doivent avoir deux adultes au travail pour espérer se payer une maison en banlieue. Cela dit, à voir le nombre de banlieusards avec deux voitures et une piscine dans la cour, je me dis que l’on est quand même beaucoup plus à l’aise que la classe moyenne européenne… ».

Pour étayer ses propos, il se réfère notamment à une passionnante série de cinq reportages programmés sur Radio Canada qui donne un aperçu des classes moyennes en Amérique du Nord mais aussi en Inde. La diffusion de ce document sonore donne lieu à des échanges de mails assez toniques comme par exemple : « Si tu as encore le moyen de rouler en 4X4 avec l'essence à 1.439$/ le litre ne viens pas te plaindre » écrit un auditeur.

Face à de nombreuses moqueries sur leur mode de vie, Lise Ravary, journaliste au magazine Châtelaine livre un sympathique plaidoyer : « Moi, je suis en amour avec la classe moyenne. Sans elle, il n’y a pas de pays. Pas de villes et pas de campagnes. Pas de culture. Pas de travail, pas de services. Aux dernières nouvelles, les gens qui achètent des autos font travailler des gens dans des usines. Les familles qui achètent des bungalows en banlieue font travailler les gens de la construction. La classe moyenne, c’est le plus grand réseau d’entraide planétaire. C’est elle qui paie la majorité des impôts, c’est elle qui élit les gouvernements. Or, la classe moyenne en a ras le pompon d’être ignorée. Ou, pire, méprisée par les élites. »

mardi 12 juillet 2011

Un livre qui parle de nos découverts

A la fin du mois, on mange des petits  pois

Chacun connaît le difficile colmatage de la digue des découverts bancaires dont on frôle le dépassement en fin de mois...

Evidemment, le titre n’est pas glamour. En l’intitulant Fins de mois difficiles pour les classes moyennes, Régis Bigot, économiste et professeur d’analyse sociétale de la consommation, ne prétendait  pas avoir conçu le best-seller de l’été. Mais quand même, voilà enfin quelqu’un qui semble s’intéresser à notre inconfort économique, à ces découverts chroniques comblés avec plus ou moins de bonheur.

Comme toute personne sensée, l’auteur commence par s’interroger sur la difficile définition de la classe moyenne en lui consacrant la moitié de l’ouvrage. Après une cinquantaine de pages affriolantes composées de graphiques et de références, l’auteur distingue les classes moyennes inférieures (dont le revenu par personne est compris entre 1120 et 1750 € par mois avant impôt) et supérieures (entre 1750 € et 2600 €).

Globalement, l’auteur affirme ensuite que depuis les années 70, leur niveau de vie a presque été multiplié par deux, rompant ainsi avec les « qualificatifs à connotation dépressive » actuellement associés à l’expression de « classe moyenne ». Cette crainte du déclassement serait d’ailleurs le ciment de cette classe sociale qui subit par ailleurs une précarisation professionnelle croissante et une augmentation réelle des dépenses « pré-engagées » (loyer, frais bancaires, chauffage, impôts, …) réduisant de fait sa liberté de consommation… Le point de crispation est celui du logement, de plus en plus cher, mais aussi de plus en plus confortable.

Amis catastrophistes, l’économiste vous le dit, la thèse de la paupérisation est fausse. Le sentiment d’instabilité sociale résulte d’un monde professionnel en pleine mutation et  de la célérité de l’enrichissement des classes aisées qui distancent de plus en plus des classes moyennes. Ah, les riches …

Fins de mois difficiles pour les classes moyennes
Régis Bigot, CREDOC, Editions de L’Aube