Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 30 juin 2011

Camping industriel

D’après le site Internet, le camping ombragé donnait sur la plage. Dans les faits, il donnait sur un magasin de hard discount. Récit.

Avant qu’il ne soit trop tard, avez-vous penser à vous renseigner sur le nombre d’emplacements du camping où vous avez réservé cet été ? Le blog de la classe moyenne a testé pour vous le camping industriel avec un site composé de 900 emplacements pour tentes et caravanes auxquels il convient d’ajouter plus de 400 habitats de toile. Si on se base sur la famille française de base – 2 parents et 2 enfants – le camping peut absorber jusqu’à 5000 personnes.

Mon arrivée dans ce village de tentes a provoqué une violente migraine qui m’a condamné à passer ma première nuit dans la chambre aux murs en polyéthylène. Au petit matin, la vision de ces tentes m’a donné un vague aperçu de ce que pouvait être un village de réfugiés. La vue est imprenable sur la partie de Scrabble des voisins ou sur le bloc sanitaire numéro 5 où l’on se rend avec quelques feuilles ouatées soigneusement cachées dans le fond de sa poche. D’autres tempéraments, plus décomplexés, se rendent tranquillement vers ce petit bunker le rouleau à la main, sifflotant avec une impudeur désarmante.

Nous avions retenu une tente déjà montée, un T2 fonctionnel disposant d’une petite terrasse d’où le regard embrase la maudite pinède colonisée par des familles évoluant en tenues sportives et criardes. Le prix de la location, à plus de 750 € la semaine, est finalement horriblement élevé même s’il inclut les loisirs pour les enfants qui ont bien entendu rechigné à s’inscrire aux chasses aux trésors organisées par des animateurs à peine remis de leur sortie en discothèque de la veille. Je laisse donc la conclusion à mon fils : « Je n’aime pas les vacances en captivité ».


vendredi 17 juin 2011

Déclarations intempestives

Trois citations enchanteresses sur les classes moyennes ...

Grand vainqueur du discours politique le plus rance et le plus provocateur, Howard Flight, parlementaire conservateur britannique avec cette sortie outrancière :  "Nous allons avoir un système où les classes moyennes seront découragées de faire de  l'élevage (d'enfants) parce que c'est drôlement cher. Mais on fait tout pour y inciter ceux qui bénéficient d'aides. Ce n'est pas très raisonnable." Un commentaire est-il vraiment nécessaire ?

Au niveau hexagonal, la palme est remportée haut la main par Jean-François Coppé qui livrait en 2006 sa vision des revenus moyens de la classe moyenne : «Un professeur certifié en fin de carrière, ça gagne à peu près 4.100 euros par mois. Un informaticien après 10 ans d'expérience, un conducteur de TGV en fin de carrière, un VRP, ça gagne aussi entre 4.000 et 4.200 euros par mois. »  Que ces gros salaires lèvent le doigt !

Passée inaperçue, la déclaration d’Erice Besson en 2007 a le chic de dire tout et son contraire : « Si les Français rêvent d’ascension sociale, c’est au sein de la classe moyenne, et pas en dehors d’elle. C’est ainsi que l’idée de classe moyenne est une manière de concilier aspiration à l’égalité et aspiration à la distinction ». Eric Besson, grand prix de l’oxymore politique !

vendredi 10 juin 2011

Mon très cher vélo

A priori, rouler à bicyclette n’offre que des avantages. Ecologique, économique, la petite reine semble être l’alliée des classes moyennes. Et pourtant …

En bon citadin, je suis parfaitement incapable de réparer un pneu crevé. Il m’en coûte donc 15 € par réparation dans ma nouvelle boutique de proximité : Au vélo électrique. Et puis, à force de crevaisons, j’ai délaissé mon engin au profit des vélos municipaux. Les beaux jours revenus, je suis revenu voir mon réparateur pour une remise en état. Montant du devis ? 170 € ! Un peu élevée la facture pour un vélo qui a coûté moins de 300 €. J’ai demandé au vendeur - un vrai pro du guidon qui doit se droguer chaque week-end aux dénivelés des gorges du Verdon - si mon vélo était un modèle jetable car il est vraiment loufoque de débourser une telle somme juste pour remplacer une roue voilée et des patins de freins. J’y ai gagné un discours moralisateur sur le mauvais traitement infligé à mon vélo de ville. Attention donc aux attrapes bobos que ce sont ces nouvelles boutiques de luxe que je rebaptiserai volontiers : Au vélo qui se la pète

Un site sympa vous permettra de mettre les mains dans le cambouis pour réparer par vous même votre cycle : http://velo-reparation.fr. On y trouve même un forum qui permet par exemple de débrider un vélo électrique. Frissons garantis, il fallait y penser !

Dernier conseil, pour équiper les enfants qui n’arrêtent pas de grandir, privilégiez les trocs printaniers et automnales des grandes surfaces de sport comme par exemple le désormais célèbre Trocathlon pour acheter des vélos qui ne durent qu'une saison : http://trocathlon.decathlon.fr/home.php


jeudi 2 juin 2011

La classe moyenne iranienne loin des clichés

Plus de 500.000 spectateurs en France
Une séparation, film de l’Iranien de Asghar Farhadi est un thriller social qui fait vaciller nos idées reçues.

La société iranienne est bien plus complexe que voudrait nous faire croire le terrifiant Ahmadinejad qui déclarait récemment que « La nation iranienne est faite de 75 millions de personnes qui adorent Dieu, de fidèles et qui soutiennent le système ». L’essor foudroyant d’Internet, le recul de l’illettrisme et la recherche d’un nouveau modèle économique a fait bouger la société qui a notamment vu émerger une classe moyenne en mal de reconnaissance.

Auréolé de trois récompenses au dernier Festival de Berlin (meilleur film, meilleures interprétations féminines et masculines), Une séparation de Asghar Farhadi met en scène les tiraillements d’un couple en instance de divorce. Simin, l'épouse, veut quitter l’Iran pour le Canada afin de donner un meilleur avenir à sa fille tandis que Nader, son mari, employé de banque, souhaite rester au pays. Afin de prendre soin de son père malade, Nader embauche Razieh, une aide-soignante très pieuse. Suite à un différend, Nader va bousculer Razieh, entraînant de fait un violent conflit avec sa nouvelle salariée et son mari. Si d’emblée, le spectateur occidental s’identifie au couple de la classe moyenne et rejette le couple empêtré dans sa stricte religiosité, il est ensuite rapidement déstabilisé par l’évolution de la situation, le réalisateur nous obligeant sans relâche à revoir nos jugements, faisant valser les étiquettes et les préjugés. On découvre alors une société ayant peu confiance en elle, hésitant entre tradition et modernité, poussée en avant par le dynamisme des femmes.

Le réalisateur confirme cette sensation de fragilité sociale : « En raison de l’instabilité économique, nous n’avons pas en Iran de distinction de classes bien établies et on peut passer rapidement d’une classe à l’autre. Suite à la guerre contre l’Irak, beaucoup de familles aisées sont devenues plus modestes, après avoir tout perdu. Elles ont néanmoins conservé la culture et les moeurs de leur milieu d’origine. Il y a aussi beaucoup de changements dans le sens inverse, avec des personnes qui se sont rapidement enrichies sans bénéficier, quant à elles, de la culture de leur nouvelle classe sociale. »

A lire également un article sur la classe moyenne iranienne dans Courrier Internationalhttp://www.courrierinternational.com/article/2011/06/07/une-spirale-descendante