Un blog mettant en scène les récits épiques d'un représentant de la classe moyenne française agrémenté de billets d'humeur, de bons plans et d'échappées vers des classes moyennes du monde entier...

jeudi 31 mars 2011

Les cols blancs à la ferme

Avec l’arrivée du printemps, les envies de vacances refont surface. Un peu comme Mao, votre blog se propose d’envoyer les classes moyennes au champ …

Difficile de trouver le bon rapport qualité/prix pour les séjours d’été en famille quand le moindre bungalow se loue aux environs de 600 € la semaine en pleine saison. Vous appréciez modérément le camping qui vous condamne à vous déplacer sur les genoux et vous contraint à vous réveiller en pleine nuit pour regonfler le matelas pneumatique.

Les locations saisonnières proposées sous le label « Clefs vacances » ne vous semblent pas suffisamment rassurantes et vous ont peut-être conduit à réserver un Gîte de France. Le classement par épis vous assure d’un confort minimum mais les prix n’ont plus rien de campagnard.

Pourquoi ne pas se tourner vers Accueil Paysan, plus rural encore que le gîte rural, avec une location à prix doux au cœur d’une vraie ferme. Plusieurs formules sont proposées : camping, table et chambre d’hôte ou gîte. Nous avons testé le Battedou, perdu au milieu de nulle part, au cœur de l’Aveyron, avec piscine, terrain de boule, atelier pâte à pain. Les tarifs de location des gîtes sont raisonnables et la table d’hôte est savoureuse. Depuis l'une des nombreuses terrasses, vous pourrez peut-être voir passer des ânes ou des pèlerins ayant raté l'embranchement pour le circuit de Saint Jacques de Compostelle.

dimanche 27 mars 2011

Traducteur de l'immobilier

Une terrasse atypique
Une fois l’enveloppe financière définie, les visites d’appartements peuvent débuter. Premier écueil pour l’aspirant propriétaire : décoder le vocabulaire sibyllin des agents immobiliers.
  • Atypique : les WC sont dans la cuisine, la suite parentale est borgne et le garage est plus grand que l’appartement.
  • Chambre d’enfants : cagibi parfois dépourvu de fenêtre mais pouvant bénéficier à l’occasion d’un « puits de lumière ». Un vendeur plus aguerri le présentera comme un dressing ou comme un « coin bureau ».
  • Coup de fusil : expression un tantinet terrifiante désignant un bien immobilier vendu en deçà des prix du marché. En général le coup de fusil n’arrive qu’aux autres.
  • Fort potentiel : appartement délabré que l’on peut viabiliser à moindre coût si l’on prend soin d’oublier de déclarer les artisans chargés de métamorphoser cet espace « à réinventer » ou, plus prosaïquement « à rafraîchir ».
  • Haussmannien : adjectif abusivement employé pour valoriser les appartements à « fort potentiel ». Un vendeur moins allégorique préférera la formule vantant le « charme de l’ancien ».
  • Possibilité de terrasse : il s’agit au mieux d’un balconnet qui peut être élargi si les copropriétaires ne s’y opposent pas et si vous êtes prêt à ajouter 10.000 à 15.000 € pour ces menus travaux.
  • Rare à la vente : synonyme de « atypique »

mercredi 23 mars 2011

Brésil : le boom de la classe C

Alors qu’en France, la définition des classes moyennes reste un sujet de débat (que même le très sérieux CREDOC estime difficile à définir), le Brésil a méthodiquement classé sa population de A à E.

A et B renvoient aux catégories supérieures, soit 15 %  de population, qui représente 40 % des richesses du pays. La classe moyenne relève elle du label C, qui sous l’ère du président Lula, est passée de 34 à 50,50 % de la population. Ces Brésiliens gagnent chaque mois entre 1126 à 4854 reais, soit entre 500 € et 2000 €. S’ouvre ainsi un nouveau marché de 90 millions de consommateurs merveilleusement sous équipés, en mal d’électroménager, de services bancaires et de culture.

Un petit français, Thierry Perrone, ancien directeur de banque, a compris que cette classe C était notamment avide de cinéma. Il a donc eu la bonne idée de créer des salles de cinéma à leur attention. Dans Le Film Français du 18 mars 2011, il explique ainsi la nécessité d’une pratique tarifaire adaptée : tickets et confiserie à moins 30 %, des prix discounts deux fois par semaine et des parkings gratuits. Encouragé par cette pratique à bas prix, ce nouveau public est aussi friand de cinéma local. Avec désormais 80 films par an, la production locale a doublé. En octobre 2010, s’ouvrait ainsi le premier multiplexe du pays. Dans les années 90, confie cet entrepreneur, les églises avaient racheté les cinémas. C'est désormais au tour des cinémas d'acheter les églises !

A lire, la définition de la classe moyenne par le CREDOC : http://www.credoc.fr/pdf/4p/219.pdf
A propos de l'Amérique latine : http://america-latina.blog.lemonde.fr/2011/01/07/la-classe-moyenne-latino-va-au-paradis/

mercredi 16 mars 2011

Classe moyenne à l'anglaise

Qui, hormis les Anglais, pouvaient s'intéresser à cette question de classe avec autant de distance et d'ironie  ? 
Cet ouvrage à la couverture que l'on est en droit de jalouser pour sa finesse toute britannique, se présente comme "un guide pratique illustré sur l'évolution du comportement et des goûts des nouvelles tribus de la classe moyenne britannique".
Il fait également l'objet d'un blog efficace qui s'attache surtout à déceler les grandes tendances des travailleurs en col blanc. Comportant plus d'une cinquantaine de rubriques, ce guide s'avère délicieusement exotique au regard de ses titres : Toasted Sandwich, Royal Family, Marmelade, ... Bref, un modèle du genre à consulter en cette période de mariage princier, si l'on fait abstraction de son côté un peu trop marketing.
http://www.middleclasshandbook.co.uk/

mardi 15 mars 2011

Ma banquière me snobe

Suite et fin du rendez-vous avec ma banquière qui décidément, m’exaspère...

Et que dit l’ordinateur de ma banquière pour ma demande de prêt immobilier ? L’oracle informatique relève un petit prélèvement de rien du tout, 230 € mensuels que je n’avais pas mentionné : un prêt en cours pour financer l’achat d’une modeste Fiat neuve et qui se termine dans un an. Vilain garçon ! Mais visiblement, cette petite cachotterie de ma part ne met pas en péril ma demande. Une fois cette donnée prise en compte, il s’avère que mon capital disponible est de 150.000 €. Voilà comment on apprend qu’avec un salaire médian on peut s’acheter un garage, un cabanon au bord de l’étang de Berre ou une ferme à retaper en Haute-Marne. Et les revenus de Madame ? Ma femme est embauchée en CDD : ses revenus comptent donc pour du beurre.

Avec le peu de motivation qui me reste, je demande une simulation qui prend en compte nos deux revenus et j’arrive à la somme fabuleuse de 220000 €. On progresse ! Ajoutez à cela une avance sur héritage de 25.000 € et on y est presque. Evidemment, avance la banquière, quand on a un gros loyer, on est tenté d’acheter. S’il s’était agi d’un rendez-vous amoureux, on parlerait ici d’un « râteau ». Je vais donc solliciter Internet et ses simulations en ligne et contacter d’autres banques virtuelles.

Enseignement de cette première approche : ma banque historique n’est peut-être pas ma meilleure alliée.

mardi 8 mars 2011

Le Monde parle de nous...

A lire cette semaine un article du Monde qui nous livre un papier intitulé : Tous propriétaires, la fin d'un mythe. A noter cette notule nous concernant et qui fait de nous une source de contagion : "Les classes moyennes sont donc chassées des centres-villes et vont se réfugier en périphérie, où elles propagent la hausse des prix et contribuent à l'étalement urbain. Le phénomène est clairement visible en Ile-de-France, avec une contagion de l'inflation immobilière du centre, Paris, vers sa grande banlieue."


A lire en intégralité sur : http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/03/07/tous-proprietaires-la-fin-d-un-mythe_1489307_3234.html

vendredi 4 mars 2011

Quelques définitions de l'univers des classes moyennes

Cinéma Activité culturelle encore accessible si on prend la peine de recycler les lunettes 3 D pour éviter le supplément de deux euros par personne et par séance.

Déclassement Terreur quotidienne affectant les classes moyennes inférieures qui semble être la grande trouvaille des sociologues.

Découvert Christophe Colomb a découvert l’Amérique. La classe moyenne a découvert le découvert.

Enfants 200 € mensuels pour deux enfants à charge versés par la CAF.

Grands-parentsBaby-sitters gratuits, bailleurs de fonds désintéressés.

Internet Supermarché virtuel et chronophage qui donne du monde une vision de solderie permanente.

Noël Moment de l’année où l’on regrette amèrement que le vieux monsieur à la barbe blanche n’existe pas et qui nous condamne à essorer notre compte bancaire en sillonnant de manière hébétée des commerces bruyants et surchauffés.

Pouvoir d’achat

Leurre politique agité à la barbe de la population en période pré électorale.

Restaurant
Mirage gastronomique.

Soldes
Orgasme consumériste biannuel qui décuple le pouvoir d’achat. Et tout devient possible.

mercredi 2 mars 2011

Ma banquière est molle

Etape indispensable pour qui veut acquérir sa résidence : prendre rendez-vous avec sa banque, celle qui sait tout de vous...
Première découverte : il est très difficile de téléphoner à sa banque pour entrer en contact avec un être humain. Une fois passé le filtre de la messagerie vocale automatisée et de son menu si peu alléchant, je parviens cependant à décrocher un créneau en parfaite inadéquation avec mon emploi du temps, soit un vendredi après-midi à 14 heures (un petit coup de 35 heures, et hop, je me libère).
Sur place, je constate que la conseillère qui me reçoit est celle qui est toujours présente au guichet en fin de mois et qui hésite à encaisser les chèques salvateurs. Je sens que mon enthousiasme s’étiole alors qu’elle me conduit à petits pas dans un box aseptisé. J’imagine en outre que cette idée de faire passer un agent de l’accueil à la négociation des prêts les contraint à une hiérarchie faussement horizontale, les contraignant à du multi tâche peu stimulant. A priori, ce rendez-vous ne semble pas l’enthousiasmer. L’estimation de ma capacité d’emprunt semble d’ailleurs avoir fait sauter le logiciel. La banquière tapote mollement sur son clavier, mettant ainsi en valeur ses ongles américains qui réfléchissent les néons du petit caisson moqueté dans lequel se déroule notre laborieux tête à tête.

Effectivement, l’ordinateur ne répond plus. La demoiselle doit aller consulter ailleurs. Dix minutes plus tard, elle revient avec un message peu encourageant. Elle me fait penser à un sketch anglais de la BBC où une employée d'une agence de voyages se réfère en permanence au  bon vouloir de son ordinateur et répète en boucle : « Computer says no ». Je n’ai pas encore droit à un non, mais cela commence à y ressembler…